Une attaque de drones contre l’Iran, annonciatrice de la confrontation qui vient

Capture d’écran d’une vidéo amateur montrant l’explosion provoquée par l’attaque de drones contre un complexe industriel d’Ispahan.
Capture d’écran d’une vidéo amateur montrant l’explosion provoquée par l’attaque de drones contre un complexe industriel d’Ispahan. ©AFP - UGC/AFP
Capture d’écran d’une vidéo amateur montrant l’explosion provoquée par l’attaque de drones contre un complexe industriel d’Ispahan. ©AFP - UGC/AFP
Capture d’écran d’une vidéo amateur montrant l’explosion provoquée par l’attaque de drones contre un complexe industriel d’Ispahan. ©AFP - UGC/AFP
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Israël est pointé du doigt pour l’attaque de drones contre un complexe d’usines d’armement à Ispahan, dans le centre de l’Iran. L’Iran est au cœur de toutes les crises (Ukraine, nucléaire, révolte des femmes…), et le durcissement de son régime annonce les confrontations à venir.

C’est le type d’incident révélateur des guerres de l’ombre qui se déroulent au Moyen Orient. Personne n’a revendiqué l’attaque de trois drones armés, dans la nuit de samedi à dimanche, sur un complexe d’usines d’armement iranien au nord d’Ispahan, dans le centre de l’Iran. Mais l’explosion a été telle qu’elle a provoqué une petite secousse tellurique.

Les autorités iraniennes minimisent les dégâts, c’est leur rôle, et affirment avoir abattu les drones.

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Il n’empêche, trois drones armés qui parviennent au centre de l’Iran, jusqu’à des usines d’armement, c’est tout sauf banal. L’Iran est au carrefour de plusieurs crises, qui vont de la guerre en Ukraine avec la fourniture de drones à la Russie, à la prolifération nucléaire proche de l’heure de vérité ; des guerres d’influence régionales, au soulèvement d’une partie de la jeunesse iranienne. On n’a donc que l’embarras du choix pour interpréter cet acte de guerre contre l’Iran, qui en annonce vraisemblablement d’autres.

Les autorités iraniennes accusent dans leurs commentaires les États-Unis et Israël. Ce sont les deux « Satans » habituels, et il n’est pas surprenant qu’ils se retrouvent en tête de liste.

Mais la presse américaine affirme que c’est Israël qui est responsable de cette attaque, la première contre l’Iran depuis le retour aux affaires de Benyamin Netanyahou. Selon le « New York Times », c’est le Mossad qui aurait mené l’opération.

La question reste de savoir quelle était la cible ? Liée aux fournitures d’armes à la Russie ? Ou au programme nucléaire iranien ? Les deux scénarios sont possibles.

Les Occidentaux ont condamné la fourniture de drones iraniens à la Russie, qui servent à attaquer les infrastructures ukrainiennes. Fin décembre, le « New York Times » rapportait que l’administration Biden étudiait la possibilité de limiter la possibilité pour l’Iran d’aider l’effort de guerre russe.

Mais Israël, qui ménage ses relations avec la Russie, n’a pas de raison de prendre de tels risques pour un conflit dans lequel l’État hébreu a refusé de s’impliquer.

En effet Nicolas, c’est l’autre dossier explosif. Les efforts européens et américains de redonner vie à l’accord nucléaire ont échoué. Depuis des mois, il n’y a plus de vraies négociations, et les centrifugeuses iraniennes tournent à plein régime, approchant chaque jour l’Iran de sa capacité à produire une charge nucléaire.

Israël est farouchement opposé à ce programme comme aux autres programmes d’armement iraniens, comme la fabrication de missiles, dont l’État hébreu estime qu’ils menacent sa sécurité.

Tous les dossiers se tiennent. L’Iran est aujourd’hui, de l’avis des experts, une forteresse assiégée, avec un régime qui s’est durci idéologiquement. L’ampleur du soulèvement des femmes a sérieusement inquiété les dirigeants de la république islamique : ils ont fait le choix de la répression, avec des centaines de morts, et cette répression féroce a réduit le nombre de manifestations.

Ce durcissement interne est également sensible à l’extérieur. La contrepartie, c’est le risque de la confrontation. Les drones d’Ispahan ne sont sans doute qu’un avant-goût.