Aukus, l’alliance militaire face à la Chine dans le Pacifique, commence à prendre forme

Anthony Albanese l'Australien, Joe Biden l'Américain, et Rishi Sunak le Britannique, à la base navale US de Point Loma, Californie.
Anthony Albanese l'Australien, Joe Biden l'Américain, et Rishi Sunak le Britannique, à la base navale US de Point Loma, Californie. ©AFP - Jim WATSON / AFP
Anthony Albanese l'Australien, Joe Biden l'Américain, et Rishi Sunak le Britannique, à la base navale US de Point Loma, Californie. ©AFP - Jim WATSON / AFP
Anthony Albanese l'Australien, Joe Biden l'Américain, et Rishi Sunak le Britannique, à la base navale US de Point Loma, Californie. ©AFP - Jim WATSON / AFP
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Dix-huit mois après la naissance de l’Aukus, l’alliance tripartite (Australie-Etats-Unis-Royaume Uni) marquée par l’annulation d'un contrat de sous-marins avec la France, les dirigeants des trois pays se sont rencontrés pour donner corps à leur alliance. Leur objectif : l’endiguement de la Chine.

Vous vous souvenez bien sûr d’Aukus, cette alliance entre les États-Unis, le Royaume Uni et l’Australie, dont l’acte de naissance, il y a dix-huit mois, avait surtout signifié la dénonciation du mégacontrat de sous-marins français avec l’Australie. Pour la France, le processus de réconciliation avec ces pays fut progressif : d’abord avec les États-Unis, puis avec l’Australie à la faveur d’un changement de majorité, et enfin, avec les Britanniques, plus proches donc plus difficiles à pardonner.

Mais d’Aukus (acronyme anglais d’Australia-United-Kingdom, United States), on n’en avait plus beaucoup entendu parler. Hier, Joe Biden a réuni autour d’une base de sous-marins, les premiers ministres britannique et australien, Rishi Sunak et Anthony Albanese. L’objectif ? Donner corps à cette alliance entre les trois puissances anglophones face à un adversaire jamais nommé : la Chine évidemment.

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Les trois pays ont annoncé le plan censé remplacer les sous-marins français à propulsion classique, par cinq engins à propulsion nucléaire, dont deux d’une nouvelle classe baptisée « Aukus ». Un plan complexe car il y a des contraintes industrielles et des règles très strictes pour la vente des technologies nucléaires à un pays non-nucléaire. De fait, l’Australie aura les sous-marins dont elle a besoin bien plus tard qu’avec le contrat français, et la facture sera astronomique : jusqu’à 250 milliards d’euros au cours des deux prochaines décennies.

La région indo-pacifique est aujourd’hui le théâtre de toutes les rivalités : c’est le centre de gravité démographique, économique, et militaire du monde. Même s’ils sont très actifs face à la Russie en Ukraine, c’est là que les États-Unis consacrent une large partie de leur attention, avec une stratégie au parfum de guerre froide.

Comme au temps de la première guerre froide avec l’URSS, on voit fleurir des acronymes qui sont autant de configurations de pays autour de Washington. Aukus, la dernière-née, associe trois pays très proches : le Royaume-Uni est dans l’Otan, et les Australiens ont été de tous les engagements au côté des États-Unis, Guerres mondiales, Corée, Vietnam, ou encore Afghanistan. Ils sont toujours au rendez-vous.

Mais ce n’est pas la seule. Le Quad, associe de manière plus informelle l’Inde, le Japon et l’Australie avec les États-Unis ; et ces derniers ont des traités de défense avec le Japon et la Corée du Sud.

La Chine ne s’y trompe pas : Pékin dénonce une stratégie d’« encerclement », un terme excessif s’agissant d’un pays d’un milliard et demi d’habitants, mais ça y ressemble quand même. Pendant la guerre froide, on appelait ça l’endiguement.

Aukus n’a évidemment aucune autre raison d’être que d’organiser le soutien militaire en cas de conflit ouvert avec la Chine, à Taiwan, ou en mer de Chine méridionale.

Théoriquement dissuasive, cette approche risque aussi d’être autoréalisatrice, c’est-à-dire d’entraîner toute la région dans une course aux armements déjà bien engagée de part et d’autre, et de placer prioritairement la rivalité sur le terrain militaire.

L’indo-pacifique est le lieu principal de l’innovation et de la production économique dans le monde ; mais cette concurrence se déroule à l’ombre d’une rivalité stratégique exacerbée. Pas sûr que l’Aukus fasse autre chose que d’en rajouter à une insécurité croissante.