En Ukraine, Poutine viole ses engagements et redessine les frontières

Vladimir Poutine signe lundi 21 février la reconnaissance des Républiques séparatistes ukrainiennes de Donetsk et Luhang.
Vladimir Poutine signe lundi 21 février la reconnaissance des Républiques séparatistes ukrainiennes de Donetsk et Luhang. ©AFP - Alexey NIKOLSKY / Sputnik / AFP
Vladimir Poutine signe lundi 21 février la reconnaissance des Républiques séparatistes ukrainiennes de Donetsk et Luhang. ©AFP - Alexey NIKOLSKY / Sputnik / AFP
Vladimir Poutine signe lundi 21 février la reconnaissance des Républiques séparatistes ukrainiennes de Donetsk et Luhang. ©AFP - Alexey NIKOLSKY / Sputnik / AFP
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Après avoir accepté le principe d’un Sommet avec Joe Biden, le Président russe fait volte face en reconnaissant les républiques séparatistes du Donbass, et y envoie son armée. Une violation du droit et de sa propre parole fermement condamnée en Occident.

Vladimir Poutine avait entrouvert dimanche la porte à la diplomatie ; et il l’a refermée lundi. Brutalement, au mépris du droit international et de sa propre parole. L’escalade décidée par le Président russe n’est pas l’invasion massive de l’Ukraine que tout le monde redoute depuis des semaines, en tous cas pas encore… Mais elle constitue un acte politique, juridique, et militaire extrêmement grave, qui place la Russie sur une trajectoire de confrontation avec les Occidentaux.

Que s’est-il passé entre dimanche, quand le Président russe acceptait, lors de deux entretiens téléphoniques avec Emmanuel Macron, le principe d’un Sommet avec son homologue américain Joe Biden, et lundi quand il décidait de reconnaître les deux Républiques séparatistes et d’envoyer son armée dans l’Est de l’Ukraine, remettant en cause tout ce qu’il affirmait la veille ? 

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Les diplomates se disent sous le choc du discours prononcé hier soir par le Président russe, que l’un d’eux, pesant ses mots, qualifiait de « paranoïaque ». On a vu un Poutine en colère, vindicatif contre l’Ukraine, accusateur contre les Occidentaux, puisant dans d’étranges références historiques les sources de sa décision fatidique.

La reconnaissance des deux Républiques séparatistes de Donetsk et Luhansk, dans l’Est de l’Ukraine, et l’envoi de l’armée russe, officiellement pour « maintenir l’ordre » dans ces zones, constitue une violation délibérée des engagements pris jusqu’ici.

Les deux Républiques séparatistes de l'Est de l'Ukraine reconnues par la Russie
Les deux Républiques séparatistes de l'Est de l'Ukraine reconnues par la Russie
© AFP - Sabrina BLANCHARD, Patricio ARANA / AFP

La Russie est signataire des Accords de Minsk, dont l’objectif est la réintégration au sein de l’Ukraine de ces deux entités séparatistes. Moscou piétine ces accords alors que Poutine avait confirmé il y a encore quelques jours qu’il les respecterait. Mais surtout, il redessine une fois de plus les frontières d’un pays souverain, comme il l’a fait par le passé en Géorgie et en Moldavie, avec d’autres républiques russophones, la Transnistrie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, détachées de ces États et occupées par des troupes russes.

Deux questions se posent aujourd’hui. D’abord, les réactions occidentales, au-delà des condamnations et des premières sanctions qui devraient être adoptées aujourd’hui : seront-elles à la hauteur du défi ? 

Mais surtout, Vladimir Poutine va-t-il s’arrêter là ? Premier test : va-t-il lancer son armée à la conquête de territoires situés au-delà de la ligne de front, et qui sont revendiqués par les deux Républiques séparatistes, comme le port de Mariupol, sur la mer d’Azov. Si les troupes russes traversent la ligne de front, ce sera la guerre, ne nous y trompons pas.

S’il s’en tenait aux deux entités séparatistes, il ne ferait que formaliser la mainmise russe qui existe de fait depuis 2014. La tentation du côté occidental sera alors de ne pas en exagérer la portée, car on aura échappé à la guerre généralisée tant redoutée. 

Mais à force de laisser l’appétit de Vladimir Poutine se développer aux dépens de ses voisins, la crédibilité de la dissuasion occidentale ne ferait que s’émousser. Une fois de plus, c’est Poutine qui mène la danse, et qui se nourrit de la faiblesse de ses adversaires.