En visite à Kiev, les Américains jouent l’escalade face à Poutine

De g à dr, le Secrétaire à la défense Lloyd Austin, le Président Volodymir Zelensky, et le Secrétaire d’État Anthony Blinken, dimanche 24 avril à Kiev.
De g à dr, le Secrétaire à la défense Lloyd Austin, le Président Volodymir Zelensky, et le Secrétaire d’État Anthony Blinken, dimanche 24 avril à Kiev. ©AFP - US Department of Defense / AFP
De g à dr, le Secrétaire à la défense Lloyd Austin, le Président Volodymir Zelensky, et le Secrétaire d’État Anthony Blinken, dimanche 24 avril à Kiev. ©AFP - US Department of Defense / AFP
De g à dr, le Secrétaire à la défense Lloyd Austin, le Président Volodymir Zelensky, et le Secrétaire d’État Anthony Blinken, dimanche 24 avril à Kiev. ©AFP - US Department of Defense / AFP
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Après leur visite à Kiev, les responsables américains de la défense et des affaires étrangères s’engagent non seulement à aider l’Ukraine, mais veulent « affaiblir » la Russie. Un pas de plus dans l’escalade impensable il y a quelques semaines. Jusqu’où ?

La photo est historique : au centre, Volodymyr Zelensky, le Président ukrainien, vêtu de son éternelle chemise vert militaire, l’air grave. A sa droite et à sa gauche, les chefs de la diplomatie et de la défense américains, Anthony Blinken et Lloyd Austin, col ouvert, tout sourire. Jamais depuis la fin de la guerre froide, d’aussi hauts responsables américains sont allés s’afficher ainsi avec le chef d’un pays agressé par la Russie. Le message, sans ambiguïté, s’adresse à Vladimir Poutine.

Mais le geste n’est pas que symbolique. Il coïncide avec une brusque montée en puissance des livraisons d’armes américaines à l’Ukraine, qui ne s’embarrasse plus de faux-semblants. Des armes qui commencent à arriver et dont les opérateurs sont en cours de formation dans les pays voisins.

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Mais surtout, il y a une petite phrase de Lloyd Austin, le Secrétaire à la défense, après sa visite à Kiev : « nous voulons voir la Russie affaiblie, incapable de mener le type d’actions qu’elle a lancé sur l’Ukraine ». Une déclaration impensable il y a deux mois, lorsque Joe Biden prenait toutes les précautions pour ne pas sembler provocateur envers la Russie.

Incontestablement, les succès ukrainiens, contraignant l’armée russe à se retirer de la région de Kiev, ont rendu les Américains plus audacieux. Les massacres de Boutcha, le siège de Mariupol, et l’intransigeance de Poutine ont fait le reste.

Vendredi, à la matinale de France Inter, Emmanuel Macron avait reconnu que ses échanges avec Vladimir Poutine s’étaient interrompus faute de résultats. Le Président russe n’a rien lâché depuis des semaines, a-t-il dit, tout en défendant l’idée de garder un canal de discussion ouvert pour le jour où la négociation sera possible.

Mais une partie des Occidentaux ont désormais un autre scénario en tête, celui d’une défaite militaire de la Russie ; cela semblait impensable il y a quelques semaines. D’où l’escalade dans le type d’armement envoyé, y compris d’ailleurs par la France qui a fait savoir qu’elle fournissait à l’Ukraine son redoutable canon César de 155mm d’une portée de 40 à 50 Km.

Mais qu’entend-on par défaite russe ? Personne n’a réellement défini ce qui constitue une victoire ou une défaite. Le Président Zelensky l’a esquissé lorsqu’il a parlé de reprendre les territoires conquis depuis le 24 février, laissant de côté les deux Républiques séparatistes, et la Crimée annexée.

Mais la phrase de Lloyd Austin fait monter les enchères vis-à-vis de la Russie. Le plus surprenant est que cette escalade soit exprimée publiquement : on abandonne la prudence de Joe Biden qui ne voulait pas risquer une confrontation avec une puissance nucléaire.

Au micro de France Inter, vendredi, Emmanuel Macron refusait d’envisager une solution militaire. Il déclarait clairement : « Cela veut dire qu’on décide, il faut que ça soit explicite, d’ouvrir une nouvelle guerre mondiale ».

Il y a assurément un besoin de mise en cohérence de l’engagement occidental, au-delà de l’entente globale sur le soutien à l’Ukraine agressée ; besoin aussi d’explications publiques, sur les buts et les limites de l’engagement dans ce conflit.

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