La Junte birmane exécute et s'isole

Pour la première fois en plus de trente ans, la Junte birmane a fait exécuter quatre condamnés à mort
Pour la première fois en plus de trente ans, la Junte birmane a fait exécuter quatre condamnés à mort ©AFP - STR
Pour la première fois en plus de trente ans, la Junte birmane a fait exécuter quatre condamnés à mort ©AFP - STR
Pour la première fois en plus de trente ans, la Junte birmane a fait exécuter quatre condamnés à mort ©AFP - STR
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Pour la première fois en plus de trente ans, la Junte birmane a fait exécuter quatre condamnés à mort. Un avertissement de détermination adressé à une population qui n'a jamais cessé de résister.

La junte birmane a fait exécuter 4 opposants…

C’est la première fois en plus de 30 ans que l’on applique la peine de mort en Birmanie. C’est dire si ces exécutions sont graves. Il s’agit de 4 militants prodémocratie dont deux sont très connus : Ko Jimmy, un ancien leader de la révolte étudiante de 1988.

Et Zayar Thaw, un chanteur hip-hop très populaire auprès de la jeunesse birmane, dont les chansons lui avaient déjà valu des années de prison et qui avait été élu au Parlement dès 2012.

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Les deux hommes ont été pendus samedi, au secret, dans l’infâme prison d’Insein, dans la banlieue de la capitale historique du pays, Rangoon. Deux autres militants qualifiés de terroristes par une cour martiale sans avocat, ont été exécutés avec eux.

Le secret a donc été maintenu jusqu’à hier et d’une façon particulièrement cruelle : les proches des condamnés ont pu parler avec eux par visioconférence la veille au soir de leur pendaison, sans jamais être informés de l’imminence de la peine.

D’abord et avant tout : la junte a voulu la démonstration de son inflexibilité face à une situation qui lui échappe. Depuis qu’en février de l’année dernière elle a repris le pouvoir au camp démocrate, l’armée en engagée dans une lutte sans merci :

Malgré l’arrestation et l’emprisonnement de 12 000 militants et leaders prodémocratie, elle n’est jamais parvenue à contrôler le pays en entier. Elle a pourtant tiré à balles réelles sur les manifestants, multiplié les descentes de police et les opérations de guerre.

Parce qu’en plus d’entraîner les villes dans la résistance, elle a rallumé bon nombre de mouvements régionaux : la Birmanie est une mosaïque ethnique et l’armée a toujours haï et combattu les particularismes culturels : le sort réservé au Rohingyas en est l’emblème.

Donc, en faisant exécuter 2 militants populaires mais aussi des « quidams » de la résistance, la Junte adresse avant tout un message impitoyable aux Birmans : voilà ce dont nous sommes capables pour obtenir votre soumission.

L’ensemble des ambassades occidentales ont aussitôt condamné ces exécutions. Mais la Birmanie peut compter sur deux alliés fidèles, qui lui épargnent le vote de résolutions défavorables à l’ONU : la Chine et la Russie.

Le message adressé à la communauté internationale est d’autant plus violent que l’ASEAN, l’Association des nations d’Asie du Sud-Est, avait adressé à la Junte une demande de clémence envers ces 4 condamnés à mort.

Une lettre écrite par le Premier ministre cambodgien Hun Sen a même été adressée au leader de la junte, Min Aung Hlaing. Il faut dire que la Cambodge préside l’ASEAN en ce moment et que le pays a aboli la peine de mort dès 1989.

La Birmanie s’enfonce dans l’isolement et la répression

Il n’y a plus rien de bon à attendre d’une junte qui emprisonne, torture et tue au quotidien. On mesure aujourd’hui combien le retrait de Total de Birmanie, en mai 2021, était bien avisé. Même le sort d’Aung San Suu Kyi est incertain :

Il y a un mois elle a été mise à l’isolement à Naypyidaw, la capitale que les militaires se sont bâtie loin de la houleuse Rangoon. Reste l’incroyable abnégation et l’esprit de résistance des Birmans : le passé a montré qu’ils ne lâchaient rien et finissaient toujours par l'emporter.