En Israël, l’extrême-droite au pouvoir commence à dérouler son programme

Le ministre israélien de la Sécurité publique, le leader d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem, lundi 3 janvier 2023.
Le ministre israélien de la Sécurité publique, le leader d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem, lundi 3 janvier 2023. ©AFP - Minhelet Har-Habait (Temple Mount Administration) / AFP
Le ministre israélien de la Sécurité publique, le leader d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem, lundi 3 janvier 2023. ©AFP - Minhelet Har-Habait (Temple Mount Administration) / AFP
Le ministre israélien de la Sécurité publique, le leader d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem, lundi 3 janvier 2023. ©AFP - Minhelet Har-Habait (Temple Mount Administration) / AFP
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Moins d’une semaine après la formation du gouvernement israélien comprenant l’extrême droite, première tempête, avec la visite d’Itamar Ben Gvir sur l’espanade des mosquées de Jérusalem. Protestations dans le monde arabe et à Washington, contre toute tentative de changer le statu quo.

Nommez un pyromane à la tête des pompiers, et vous aurez des feux. C’est la même chose en Israël, avec la nomination du dirigeant d’extrême-droite Itamar Ben Gvir comme ministre de la Sécurité publique.

Il n’aura même pas fallu une semaine pour que le nouveau ministre, autrefois condamné pour incitation à la haine, fasse ce que même le chef du gouvernement, Benyamin Netanyahou, ne souhaitait pas : qu’il se rende sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, l’un des endroits les plus sensibles de la planète.

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Itamar Ben Gvir a un objectif affiché, il veut remettre en cause le statu quo en vigueur depuis la conquête par Israël des territoires palestiniens et de Jérusalem-Est en 1967 : l’interdiction faite aux juifs de prier sur l’esplanade des mosquées, sur laquelle s’élevait il y a près de 2000 ans le temple des hébreux.

Cette balade sous haute surveillance hier matin a plongé Israël dans une tempête diplomatique dont Netanyahou se serait bien passé.

Itamar Ben Gvir a fait comme s’il ne défiait que les islamistes du Hamas qui l’avaient mis en garde. La vérité est que presque tout le monde était contre sa visite.

Hier, la Jordanie, le royaume hachémite qui a la responsabilité de la gestion de l’esplanade des mosquées, a convoqué l’ambassadeur d’Israël pour protester. Les Émirats arabes unis, qui ont noué des relations récentes avec Israël, l’ont dénoncé, tout comme l’Arabie saoudite qui a des rapports officieux avec l’État hébreu.

Même les États-Unis, protecteur traditionnel d’Israël, ont qualifié d’« inacceptable » la tentative de changer le statu quo. Car Washington ne veut pas voir une nouvelle crise éclater au Moyen Orient, dans un contexte déjà explosif.

Les Américains se souviennent d’avoir entendu Netanyahou dire qu’il ne laisserait pas Ben Gvir changer le statu quo à Jérusalem, car, avait-il dit, « je sais que ça mettrait le feu au Moyen Orient et ça dresserait des millions de musulmans contre nous ». C’était en 2020. L'an dernier, le chef de la police israélienne, Koby Shabtai, accusait Itamar Ben Gvir d'être responsable de la violence à Jérusalem, aujourd'hui, le même homme est devenu son Ministre de tutelle...

Ce qui a changé depuis, c’est que Netanyahou ne pouvait pas gagner les cinquièmes élections législatives en quatre ans sans l’apport du parti d’extrême droite d’Itamar Ben Gvir, Otzma Yehudit, La force juive.

La question de l’esplanade des mosquées se transforme donc en premier test de la nouvelle coalition : Netanyahou a conclu un pacte faustien avec des forces extrémistes qui n’entendent pas faire de la figuration au gouvernement.

Un député du parti d’Itamar Ben Gvir, membre de la coalition au pouvoir, donc, a déclaré dimanche que l’occupation des territoires palestiniens par Israël était « définitive ». Une annexion qui ne dit pas son nom, et qui enterre définitivement le principe de deux États, Israël et la Palestine, côte à côte.

Netanyahou a donc formé une coalition qui va plus loin que tout ce qu’il avait osé jusqu’ici, et qui veut changer la nature d’Israël. Le premier ministre devra rapidement décider s’il est complice ou simplement otage des extrémistes qui se sont emparés de la politique israélienne. Cette nuance décidera peut-être de la durée de vie de sa coalition.