

Joe Biden veut en finir avec les "guerres sans fin" des Etats-Unis. Ce qui signifie retrait d'Irak et d'Afghanistan. Mais Washington est-il sincère ?
Joe Biden semble décidé à en finir avec la présence en Irak de l'armée américaine. C'est en tous cas ce qu'il a laissé entendre alors qu'il recevait lundi le Premier ministre irakien Mustafa Al Kadhimi : plus question d'opérations de combat d'ici la fin de l'année, uniquement du conseil et de l'entrainement des troupes irakiennes.
Cela ajouté au retrait de batteries de missiles Patriot ainsi que celui des porte-avions qui croisent dans la région depuis 2001 ; à la réduction drastiques des bombardiers B-52, le message semble clair : les Etats-Unis amorcent un retrait du Moyen-Orient.
C'est encore plus évident lorsqu'on se rappelle que toutes les troupes étasuniennes auront quitté l'Afghanistan fin août. En fait, il semble qu'il fallait prendre Joe Biden au mot lorsqu'il disait qu'il voulait en finir avec les « guerres sans fin » des Etats-Unis.
Un retrait véritable ou un effet d'annonce ?
Pour l'Afghanistan, tout part d'une analyse froide : si après 20 années de présence et 1 000 milliards de dollars dépensés, les Américains n'ont pas été capables de créer des institutions stables et fiables, un deux ou trois ans de plus n'y changeront rien.
Donc, autant partir tout de suite : le retrait est donc sincère. Pour l'Irak, le calcul est différent. Les Etats-Unis ont et conserveront sur place 2 500 hommes. Simplement, ces derniers passeront du statut de combattant à celui de « conseiller militaire ».
De toutes façons, depuis 2018 et sur l'ordre de Donald Trump, les troupes américaines sur place, ne participaient plus à des opérations sur le terrain. C'est du renseignement, des drones et des tirs de missiles depuis les bases de l'US Army ou de l'US Air Force.
Une annonce purement diplomatique ?
Voire hypocrite si l'on ne prenait pas en compte ce qu'il se passe en ce moment dans la région : Washington tente de convaincre Téhéran de revenir à la table des négociations sur le nucléaire iranien.Dans ces conditions des gages de bonne volonté sont appréciés.
C'est exactement ce que vient de faire solennellement Joe Biden depuis la Maison-Blanche. Car les seules troupes que les Etats-Unis combattaient encore en Irak, c'était les affidés de Téhéran. On ne change rien mais on tend la main pour vite conclure.
Il y a une bonne raison à la volonté de Joe Biden d'en finir avec ces fameuses « guerres sans fin » moyen-orientales. Elles ont coûté en 20 ans la bagatelle de 6 400 milliards de dollars aux Etats-Unis et le plus souvent en pure perte. Mais il y a aussi le coût humain...
Des milliers de soldats américains morts au combat
Un peu plus de 7 000 et plus de 50 000 blessés. Mais surtout, 19 millions d'Américains sont des anciens combattants. C'est-à-dire qu'un homme adulte sur 7 est aux Etats-Unis un vétéran de guerre. Un chiffre énorme qui pèse sur toute la société.
Enfin, il y a ce fameux « pivot vers l'Asie », mantra de Barack Obama repris par Joe Biden. Le vrai défi militaire de Washington est chinois. Plus vite les Etats-Unis se seront débarrassés de leurs affaires orientales, plus forts ils pourront se retourner vers Pékin.
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