Neuf morts en Cisjordanie : les territoires palestiniens sous pression

Le corps d’une des neuf victimes de Jenin porté par de jeunes manifestants palestiniens
Le corps d’une des neuf victimes de Jenin porté par de jeunes manifestants palestiniens ©AFP - JAAFAR ASHTIYEH / AFP
Le corps d’une des neuf victimes de Jenin porté par de jeunes manifestants palestiniens ©AFP - JAAFAR ASHTIYEH / AFP
Le corps d’une des neuf victimes de Jenin porté par de jeunes manifestants palestiniens ©AFP - JAAFAR ASHTIYEH / AFP
Publicité

Un raid israélien dans la ville de Jenin, en Cisjordanie, a fait neuf morts jeudi, qui s'ajoutent à une liste déjà longue de victimes. L'installation d'un gouvernement ouvertement hostile aux Palestiniens à la tête d'Israël transforme les territoires palestiniens en volcan.

Neuf morts palestiniens hier lors d’une opération de l’armée israélienne dans la ville de Jenin, dans le nord de la Cisjordanie ; 26 morts depuis le début de l’année : c’est une nette aggravation après une année 2022 déjà marquée par un nombre de victimes le plus élevé depuis 2004, 150 morts.

On serait dans la routine d’une violence de basse intensité si le contexte politique n’était pas aussi explosif : celui d’un gouvernement israélien dans lequel des postes-clés ont été confiés aux représentants d’une extrême-droite virulente, hostile à toute entente avec les Palestiniens, adepte de la méthode forte.

Publicité

L’armée a bien précisé hier que le nombre élevé de morts à Jenin n’était pas dû à un changement de doctrine militaire, mais bien à la gravité de l’accrochage avec des membres du Jihad islamique, un groupe clandestin.

Il n’empêche, le contexte politique pèse : l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, terriblement affaiblie, parle de « massacre » et rompt sa coopération sécuritaire avec Israël, un appel à la grève générale a été lancé en Cisjordanie, et des roquettes ont été tirées vendredi matin à partir de Gaza, s’attirant une riposte de l’aviation israélienne ; des réactions d’autant plus vives qu’un discours intransigeant s’est installé à la tête d’Israël.

Le nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou, installé au pouvoir depuis moins d’un mois, a choisi une ligne particulièrement dure vis-à-vis des Palestiniens. C’est l’idéologie des partis qui composent la coalition, dont certains sont partisans de l’annexion des territoires palestiniens, sont favorables au développement sans limites des colonies, et sont ouvertement racistes.

Le risque étant évidemment de pousser à la radicalisation de la jeunesse palestinienne à laquelle ne s’offre aucune perspective, individuelle ou collective. On a ainsi vu se développer des nouveaux groupes armés, pas nécessairement affiliés aux organisations historiques, et décidés à en découdre, malgré un rapport de force démesurément favorable à Israël.

L’Autorité palestinienne a dénoncé hier le silence de la communauté internationale, qui ne sait pas comment répondre à la nouvelle donne politique en Israël. Inquiets, les États-Unis ont décidé d’envoyer leur Secrétaire d’État, Anthony Blinken, dans la région ce weekend.

Il y a pourtant une opposition dans la rue en Israël : chaque samedi, depuis le retour de Netanyahou, des foules considérables se réunissent à Tel Aviv et ailleurs pour signifier une opposition aux projets du gouvernement. Plus de 150 000 manifestants la semaine dernière, c’est considérable.

Mais seule une frange marginale inclut le sort des Palestiniens dans ses revendications. Pour conserver un large front, les manifestants ne visent que les menaces à la démocratie israélienne, en particulier les réformes visant la Cour suprême, le contre-pouvoir ultime.

La grande majorité des Israéliens, qu’elle soit pour ou contre Netanyahou, ignore depuis des années la situation côté palestinien. L’échec des accords d’Oslo de 1993 a détourné les Israéliens du sujet de la paix avec leurs voisins et de l’occupation ; la disparition de la gauche a fait le reste.

Résultat, le gouvernement traite par la force la question palestinienne et la perpétuation de l’occupation, sans avoir à se soucier des réactions de la population israélienne. Le débat sur l’érosion de la démocratie en Israël est une préoccupation de luxe, réservée aux Israéliens.