La COP24, conférence mondiale sur le climat, s’est ouverte hier à Katowice, en Pologne, au moment où la France est confrontée à la crise des gilets jaunes. Comment s’occuper « en même temps » du court terme et du long terme, c’est le débat que pose la révolte française.
Le calendrier est parfois le révélateur de nos contradictions. Les représentants de près de deux cents pays ont entamé hier à Katowice, en Pologne, les travaux de la COP24, cette grande conférence sur le climat, dans le prolongement de l’Accord de Paris. Au même moment, en France, l’ampleur prise par le mouvement des gilets jaunes contre la taxe carbone dans les carburants, montre à quel point l’enjeu écologique peut entrer en conflit avec la vie des gens.
L’une des citations d’un gilet jaune qui résume l’enjeu, reprise y compris par Emmanuel Macron la semaine dernière, est la suivante : « vous me parlez de la fin du monde, je vous parle de la fin du mois »… On a du se tromper quelque part si une partie de la population oppose ces deux temporalités, la fin du monde et la fin du mois.
La politique avec un grand « P » est censée préparer aux défis du long terme, tout en s’occupant dignement de ceux d’aujourd’hui.
Avant même les gilets jaunes, la COP 24 avait prévu d’aborder le sujet, et d’inciter les États à « assurer un avenir décent aux travailleurs touchés » par la transition écologique. Un engagement non contraignant, mais qui montre que les États sont conscients du risque.
De fait, il ne devrait pas y avoir de contradiction, si on respecte le principe de base de la République qui veut qu’on n’abandonne personne au bord de la route.
Les gilets jaunes ne disent pas aux scientifiques qu’ils ne croient pas au réchauffement climatique, à l’image d’un Donald Trump qui déclarait la semaine dernière à propos d’un rapport scientifique tirant la sonnette d’alarme sur le climat : « je l’ai parcouru, je n’y crois pas »… ; Non, ils disent aux politiques qu’ils refusent d’être les sacrifiés d’une transition écologique qui se décide sans tenir compte de leur situation.
La bonne réponse du gouvernement ne peut pas être d’ignorer l’urgence climatique pour ne s’occuper que de la détresse sociale. Et elle ne peut pas être, non plus, de rester sourd au message social qui s’exprime bruyamment, au nom d’une crise climatique qui l’emporterait sur tout.
Si nous en sommes là, c’est que nous avons collectivement raté la dimension humaine de la mondialisation économique, qui a creusé les inégalités sociales, territoriales, humaines. Donald Trump, le Brexit et les gilets jaunes sont les facettes différentes du même sujet.
Aux victimes de ces inégalités, les mesures destinées à répondre à l’urgence climatique apparaissent aujourd’hui comme des contraintes supplémentaires, insupportables.
Attention à ne pas commettre la même erreur avec l’autre révolution qui se profile, celle de l’intelligence artificielle qui menace une partie des métiers et pourrait, elle aussi, laisser du monde au bord de la route.
Le mot d’ordre de la COP 24 est fort à propos « la transition juste ». C’est cette justice qui a manqué jusqu’ici dans beaucoup de décisions.
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