

Ils ne voulaient qu’être libres, le plus universel des idéaux.
C’est mains nues, avec femmes et enfants, que ces Syriens que Bachar al-Assad et ses alliés russes et iraniens viennent d’écraser à Alep étaient descendus dans les rues au printemps 2011, portés par les révolutions arabes et leur espoir d’enfin se débarrasser d’une dictature familiale qu’ils enduraient depuis 40 ans.
Ils n’eurent pour réponse que des balles, pas l’ombre d’un début d’ouverture, puis des bombes, puis des armes chimiques et, comme ils ne renonçaient pourtant pas, Bachar al-Assad avait inventé mieux. Il a fait libérer les plus illuminés des islamistes syriens, ceux qui allaient fonder Daesh, afin que ces fanatiques s’attaquent, en même temps que lui, à cette insurrection qu’ils détestaient car ils ne voulaient pas, eux, d’une démocratie mais d’une théocratie.
C’est ainsi que l’insurrection de ceux qui voulaient juste être libres a du se battre sur deux fronts à la fois, contre le boucher de Damas et contre Daesh qu’elle avait réussi à chasser d’Alep. Il faut le dire, le répéter, le marteler, ceux qui voulaient juste être libres n’étaient pas Daesh, n’étaient pas des terroristes mais se battaient, pour leur liberté, contre Daesh et contre Bachar al-Assad.
Ils ont perdu. Ils se font maintenant massacrer, enfants compris, mais ne sont pas les seuls à avoir perdu. Le drame de cette défaite est encore bien plus grand que le leur car leur défaite est aussi celle…
Par qui commencer ?
C’est aussi celle des Etats-Unis qui n’ont pas voulu s’immiscer dans cette guerre qu’il fallait mener au motif qu’ils avaient mené, en Irak, la guerre qu’il ne fallait pas. En août 2013, à la dernière minute, les Américains ont renoncé à aller clouer au sol les bombardiers de Bachar al-Assad, aux côtés de la France qui les y avait appelés. Ils y ont renoncé malgré l’emploi d’armes chimiques par le régime de Damas qui s’est alors senti tout permis. La Russie s’est engouffrée dans cette brèche pour reprendre pied au Proche-Orient et non seulement tout espoir de solution négociée s’est alors évanoui mais les Etats-Unis ont alors perdu toute crédibilité auprès de leurs alliés comme de leurs adversaires.
Malgré la France, cette défaite est aussi celle des Européens, des peuples et des gouvernements européens qui n’ont jamais voulu aider ceux qui voulaient juste être libres et l’ont payé d’un afflux de réfugiés devant lequel, Mme Merkel exceptée, ils se sont déshonorés par leur peur et leur rejet de ces malheureux qui cherchaient juste un havre.
Cette défaite est aussi celle de l’Onu car elle a fait, là, preuve de son impuissance. Cette défaite sera également, bientôt, celle de la Russie qui vient de s’embourber dans une guerre régionale entre les deux religions de l’islam et n’en sortira pas indemne.
Comme celle, hier, des Républicains espagnols, cette défaite est enfin celle de la morale, de la justice, du droit et de la stabilité internationale car, lorsque la plus sanguinaire des brutalités peut impunément écraser la liberté, cela n’annonce rien de bon pour les temps à venir.
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