Où l'on voit, avec Donald Trump et Emmanuel Macron, que la jeunesse paraît repasser l'Atlantique
Rien, a priori, d’extraordinaire à cela. Qu’un président français déjeune avec un président américain est dans l’ordre des choses mais, à bien y regarder, ce repas que Donald Trump et Emmanuel Macron vont partager ce jeudi, en marge d’un sommet de l’Otan, n’a rien de banal, bien au contraire.
Emmanuel Macron n’est pas Theresa May. Il n’est pas non plus Angela Merkel. Il n’est pas plus aux commandes de l’allié privilégié des Américains, la Grande-Bretagne, qu’à celle de l’Allemagne, le plus prospère des pays de l’Alliance atlantique après les Etats-Unis.
Emmanuel Macron préside un pays, la France, dont les relations avec Washington ont été constamment difficiles, voire conflictuelles, depuis que le général de Gaulle était allé à Londres créer la France libre et un pays, qui plus est, dont l’économie n’est pas florissante et le modèle social un permanent sujet de moqueries des Anglo-Saxons.
Donald Trump aurait autrement dit pu souhaiter déjeuner avec Mme May, Mme Merkel ou un panel de dirigeants européens mais non, comme le président turc et le président russe, lundi prochain, c’est avec le président français qu’il a voulu un tête-à-tête, et la question est donc de savoir le pourquoi de ce choix.
Pourquoi cette rencontre Trump / Macron ?
La première raison en est que la jeunesse d’Emmanuel Macron intrigue le monde. Si la France, souvent perçue comme vieillotte à l’étranger, a pu porter à sa tête un homme de 39 ans qui prétend remodeler son échiquier politique, c’est qu’elle s’éveille, s’ébroue et que la cinquième des grandes puissances économiques, membre permanent du Conseil de sécurité et disposant de la plus forte des capacités militaires européennes, pourrait donc opérer un retour sur la scène internationale.
Ca vaut le coup d’y aller voir, de sonder et jauger ce nouveau président de la République et cela d’autant plus que son ambition déclarée est de remettre l’Union européenne sur ses rails, de resserrer ses rangs et de l’affirmer en puissance politique. Ca marchera ou ça ne marchera pas mais, si cela marchait, le paysage international en serait profondément modifié et cela donne la seconde raison de ce déjeuner car, encore moins que la France, l’Union ne saurait être ignorée et surtout pas des Etats-Unis. Voilà pour les raisons de Donald Trump mais ce déjeuner vaut aussi pour le contraste qu’il donnera à voir.
L’un a 39 ans. L’autre en a 70 et, bien que l’âge ne soit pas qu’une question d’état-civil, le fait est que la jeunesse, celle de la nouveauté, était depuis très longtemps américaine alors que l’Europe semblait aussi vieille que son histoire.
Or soudain, avec Donald Trump, les Etats-Unis ont toute la fraîcheur et la vision d’un vieux monsieur hâbleur et dépassé tandis qu’avec Emmanuel Macron, la France et l’Europe ont le regard neuf et déterminé des jeunes gens tout en muscles, insolents et convaincus de leur avenir. Le contraste est saisissant. C’est comme si la jeunesse repassait l’Atlantique, comme si le nouveau monde et le vieux inversaient leurs rôles.
Alors, rien n’est dit. Tout cela peut n’être qu’un instant mais ce déjeuner, non, n’a rien d’ordinaire.
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