L’Europe, combien de divisions ? Les « 28 » impuissants en Syrie

L’Europe combien de divisions ? Marin français à bord de la frégate européenne multi-mission (FREM) « Languedoc », en rade de Toulon en avril 2019.
L’Europe combien de divisions ? Marin français à bord de la frégate européenne multi-mission (FREM) « Languedoc », en rade de Toulon en avril 2019. ©AFP - BERTRAND LANGLOIS / AFP
L’Europe combien de divisions ? Marin français à bord de la frégate européenne multi-mission (FREM) « Languedoc », en rade de Toulon en avril 2019. ©AFP - BERTRAND LANGLOIS / AFP
L’Europe combien de divisions ? Marin français à bord de la frégate européenne multi-mission (FREM) « Languedoc », en rade de Toulon en avril 2019. ©AFP - BERTRAND LANGLOIS / AFP
Publicité

Pourquoi les Français et les Européens ne remplacent-ils pas les Américains pour défendre les Kurdes de Syrie ? Parce qu’ils n’en ont pas les moyens autonomes. La défense européenne est encore un rêve lointain.

Pourquoi l’Europe, pourquoi la France, ne remplacent-elles pas les Américains pour protéger les populations Kurdes de Syrie ? La question revient de tous côtés depuis que Donald Trump a, de manière brutale et choquante, lâché les combattants kurdes qui avaient mené la guerre au sol contre Daech.

La triste réalité est simple : ni la France individuellement, ni l’Europe collectivement, n’ont aujourd’hui la capacité de mener une telle opération à haut risque, même limitée à des objectifs humanitaires. En auraient-elles la volonté politique ? C’est encore une autre affaire et la réponse est sans doute également négative au niveau des 28.

Publicité

La bonne nouvelle, c’est que l’ensemble des pays de l’Union européenne ont réagi à l’unisson pour condamner l’intervention turque, pas de dissonances flagrantes comme sur d’autres dossiers. Hier, les ministres des affaires étrangères des 28 ont appelé à l’unanimité à l’arrêt des combats et au retrait des troupes turques de Syrie. 

La mauvaise nouvelle, c’est que l’Europe est un tigre de papier, sans impact réel sur une situation de crise comme celle-là, et c’est vrai depuis le début de la guerre en Syrie il y a huit ans.

La France a pourtant quelques forces sur place, environ 200 à 300  hommes des forces spéciales françaises, qui assuraient, aux côtés des Américains et de Britanniques, la sécurité des zones kurdes. Mais la réalité géopolitique reste que lorsque les États-Unis se retirent, Français et Britanniques n’ont pas d’autre choix que de suivre, ce qu’ils sont en train de faire.

2000 Américains suffisaient à tenir à distance des forces adverses, car celles-ci savaient que la capacité de représailles des États-Unis était considérable ; qu’il s’agisse de la Turquie, membre de l’OTAN, de la Russie qui ne voulait surtout pas d’incident avec les Américains ; et même de l’Iran qui veut éviter une confrontation directe.

L’idée de mener une action militaire autonome a traversé l’esprit des responsables français dimanche, mais a vite été écartée : trop risquée, politiquement et militairement hors de portée.

La question que cette impuissance européenne est toujours la même depuis le début de la crise syrienne il y a 8 ans : celle des moyens et celle de la volonté.

On parle beaucoup de défense européenne mais on ne la voit pas… Pendant des décennies, les Européens se sont trouvés parfaitement rassurés par le parapluie américain, et le discours français d’Europe-puissance était considéré comme un rêve de grandeur passée. Donald Trump a changé la donne, même s’il prolonge de manière chaotique un désengagement amorcé par Barack Obama. Avec Trump, c’est l’idée même d’alliance qui est remise en question : que l’on soit kurde, estonien ou sud-coréen.

Les 27, et même sur ce sujet toujours à 28, se sont remis à oeuvre à cette « autonomie stratégique » que la France appelle de ses vœux. Mais les petits pas accomplis sont bien insuffisants pour avoir des traductions opérationnelles : l’OTAN reste le cadre principal de la défense de l’Europe, même si, aujourd’hui, l’onde de choc de l’intervention turque plonge cette alliance dans un profond désarroi.

Ceux qui déplorent aujourd’hui que l’Europe ne puisse être une force pour la paix dans un monde menaçant doivent s’en donner les moyens, car ça ne se fera pas en un jour. Et ils peuvent remercier Donald Trump de les avoir réveillés à la fragilité des alliances.

L'équipe