Rude et incertaine, ce sera une bataille, une vraie, mais il faut l’ouvrir. Il faut maintenant dire haut et fort que les politiques imposées à l’Union européenne par sa majorité conservatrice et Mme Merkel au premier chef mènent l’Europe dans le mur et qu’il faut d’urgence les revoir pour deux raisons.
La première est économique et tombe sous le sens. On ne peut pas vouloir rétablir les comptes publics et désendetter les États – autrement dit éviter leur faillite – tout en oubliant la croissance car, à force de sacrifier l’investissement, on ne fait que réduire l’activité, diminuer les rentrées fiscales et augmenter les déficits au lieu de les résorber. Un enfant le comprendrait. Le FMI et la plupart des économistes le disent mais, tout à leur obsession de revenir sur les conquêtes sociales et d’augmenter la compétitivité en diminuant le coût du travail, les gouvernements conservateurs majoritaires en Europe s’obstinent à appliquer cette thérapie de choc qui ne guérira le malade qu’en le tuant.
Économiquement parlant, cela ne peut plus durer et, quand bien même ne le verrait-on pas, les élections italiennes viennent de dire que ce n’était plus politiquement jouable en démocratie. Les peuples n’en peuvent plus, n’en veulent plus et, si ces politiques n’étaient pas modifiées, les suffrages européens se porteront toujours plus sur des formations surfant sur la colère des électeurs pour vendre du vent et prôner la renonciation à la monnaie unique et, donc, à l’unité de l’Europe. La désunion menace l’Union et c’est dans le chaos d’un éclatement, que ses 27 pays pourraient se retrouver, beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine, à devoir se battre seuls contre les pays continents qui domineront ce siècle et contre tous les émergents dont les coûts de production continueront à désindustrialiser l’Europe si elle n’est pas assez unie et forte pour se défendre.
Unie, l’Europe est la première puissance économique mondiale. Désunie, elle ne sera plus qu’une zone en complet déclin, économique et politique, mais comment mener la bataille ? La réponse est simple : en l’engageant.
Il s’agit désormais de faire comprendre que cette thérapie suicidaire n’est pas européenne mais stupidement conservatrice et de proposer un tout autre programme aux Européens alliant la réduction des dépenses et l’investissement dans l’avenir qui passe par des politiques industrielles communes, la mutualisation des emprunts et une harmonisation fiscale et sociale.
Très bien, dira-t-on, mais l’Allemagne n’en veut pas. Oui et non. L’Allemagne n’en veut pas car elle ne veut pas apporter sa garantie à des États qui n’apureraient pas leurs comptes. Ce n’est pas illogique mais, outre que l’Allemagne aurait gravement à pâtir d’un effondrement de l’Europe, il n’est nullement impossible de lui proposer un donnant-donnant – la poursuite des assainissements budgétaires contre l’instauration immédiate d’une politique de croissance commune. La gauche et les Verts allemands y sont favorables. Le Parlement européen, droite comprise, l’est aussi. Cette bataille ne doit pas opposer des nations mais des politiques européennes. Elle doit être menée dans chaque pays mais surtout, avant tout, en utilisant les prochaines élections européennes pour appeler les Européens à choisir entre le suicide et le bon sens.
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