Il ne faut pas que le gouvernement qui s'annonce à Rome puisse accuser quiconque d’autre que lui-même de ses difficultés à venir
Le constat est tout simplement accablant. Bien que son Président tâche de limiter les dégâts, l’Italie sera bientôt gouvernée par des partis qui avaient été à deux doigts d’inscrire la sortie de l’euro dans leur programme commun. Troisième économie de l’Union dont elle est l’un des six pays fondateurs, l’Italie risque de mettre comme jamais l’unité européenne en question et cela au moment même où l’Europe aurait tant besoin de serrer les rangs et le monde tant besoin d’une Europe forte et stabilisante face à MM. Trump et Poutine, à la crise iranienne et aux chaos du Proche-Orient, à la volonté de la Maison-Blanche de taxer les produits européens entrant aux Etats-Unis, face à l’aggravation, en un mot, des tensions internationales.
Les deux causes de cette situation ne sont pas moins accablantes puisque l’Union s’est tirée là dans le pied en imposant, sous la pression d’une majorité de gouvernements libéraux, des mesures de redressement budgétaire qui l’ont rendue impopulaire et en échouant, surtout, sous la pression des nouvelles extrêmes-droites, à répartir dans ses différents pays la masse des réfugiés arrivant en Italie.
Il y a ainsi toutes les raisons d’être aussi accablé que le chef de l’Etat italien qui a suspendu, hier, son accord à la composition du gouvernement car l’homme pressenti pour les Finances est un adversaire résolu du maintien dans l’euro mais la coalition qui arrive aux affaires peut-elle durer ?
A priori pas puisque la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles ont fondé leur alliance sur l’addition de programmes parfaitement contradictoires. Premier parti d’Italie grâce au soutien des électeurs du Sud, ceux des régions les plus pauvres, les 5 Etoiles avaient promis un revenu minimum tandis que la Ligue qui est la plus forte dans les riches régions industrielles du Nord avait promis de ramener les taux d’imposition à un niveau très bas et uniforme. Ce n’était pas conciliable mais les taux seront bel et bien ramenés à 15 %, 20 % maximum, tandis que revenu minimum il y aura, de près de 800€ par mois, et que l'âge de départ à la retraite sera revu, à la baisse.
A ce degré d’incohérence, on ne tient pas trois mois mais, outre que cela peut donner un bref coup de fouet à la croissance, cette coalition peut très vite accuser la terre entière des maux qui la guettent et entraîner l’Italie dans un nationalisme vengeur tout en faisant plonger l’euro.
Alors que faire ?
Rien ne sera simple mais si l’on ne veut pas aller à coup sûr vers une implosion de l’Union il faut que la Commission et les capitales européennes s’abstiennent de mettre d’emblée en accusation le gouvernement qui s’annonce à Rome. Il ne faut pas que ce gouvernement puisse accuser quiconque d’autre que lui-même de ses difficultés à venir. Il faut, au contraire, lui souhaiter bonne chance, comme à toute nouvelle équipe, et attendre patiemment le ressaisissement de l’Italie.
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