

Plus il perd à Westminster, plus le premier ministre britannique sert sa propre stratégie : le peuple contre le parlement. Et il est en passe de remporter son pari !
Une fois de plus, ce weekend, Boris Johnson a essuyé une défaite au Parlement. Reprenons la litanie de ses échecs parlementaires et judiciaires : il a tenté de suspendre le parlement pour être sèchement démenti par la Cour suprême et désormais, le voilà contraint d'attendre pour faire voter son deal. Voire de devoir demander à la Commission européenne un nouveau délai qu'il avait juré – et jure encore – ne jamais vouloir demander à l'Europe.
Et pourtant, je vais peut-être vous surprendre, mais Boris Johnson, est à deux doigts de remporter son pari.
Au dernier décompte – compliqué, hasardeux – mais tout de même : il disposerait de 320 députés pour voter son deal. C'est-à-dire qu'il est à une voix de le faire passer. A titre de comparaison, il a toujours manqué une dizaine de députés à Theresa May.
Surtout, Boris Johnson est a deux doigts de reporter son vrai et unique pari : gagner les élections législatives qu'il veut convoquer au plus vite. D'abord, il est populaire, ensuite son parti est uni derrière lui, enfin les sondages lui sont très favorables.
Savonner la planche de Theresa May
En jouant à qui perd gagne ! D'abord, il a organisé, comme un gros chat joue avec une souris, la perte de Theresa May. Il l'a laissée s'épuiser en négociations avec Bruxelles et pendant ce temps, il a réorganisé à son profit l'aile « brexiteuse » des Tories.
C'est lui et uniquement lui qui a infligé 3 défaites successives à l'ancienne première Ministre qui a dû démissionner. Puis il a décidé d'une sorte de blitzkrieg politique avec son deal bruxello-londonien « do or die » - signer ou mourir. Avec une stratégie : si l'on sort de l'Union européenne sans accord, ce sera peut-être de la faute de Bruxelles mais surtout, ce sera celle de ce Parlement qui secrètement rêve de rester dans l'Union et fait donc obstruction a la volonté du peuple britannique exprimée par référendum.
Cette stratégie, elle a un nom : le peuple contre le Parlement. Elle joue, cette stratégie sur le raz-le-bol des Britanniques qui n'en peuvent plus des arguties juridiques, des coups de théâtre parlementaires qui, depuis trois ans et demi, émaillent le processus.
Or « qu'on en finisse » est précisément ce que promet Boris Johnson ! Et les Britanniques le croient ! Donc, lorsque Boris Johnson perd, cela ne fait que renforcer son argument : je vous l'avais dit, ce Parlement fait tout pour empêcher le Brexit qui vous vouliez.
Le Brexit et seulement le Brexit
Mais là aussi, il est très fort. Theresa May avait fait campagne sur tout sauf le Brexit : les services publics, l'éducation, l'économie. Et à ce petit jeu, elle a remis en selle les Travaillistes de Jeremy Corbyn qui ont su appuyer où ça faisait mal : l'austérité.
Cette erreur-là, Boris Johnson ne la commettra jamais : sa campagne sera axée sur le Brexit. L'homme et le parti qui seul peut l'obtenir. Sur ce point, il a réussi à dégonfler le Brexit party de Nigel Farage et à désunir un parti travailliste en plein désarroi.
En clair, c'est Boris Johnson forever. Comment disait Emmanuel Macron déjà ? Il est certes original mais ce serait une erreur de le sous-estimer. Pas mieux !
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