La percée de l'extrême-droite allemande

France Inter
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Longtemps, les nouvelles extrêmes-droites n’avaient pas percé en Allemagne...

Cette immunité tenait à la fois aux souvenirs du nazisme et à la force de la démocratie chrétienne, de la CDU/CSU qui couvrait à elle seule tous les segments de l’électorat conservateur, mais ces temps sont maintenant révolus.

Après avoir remporté hier près de 22% des voix dans le Mecklembourg Poméranie occidentale, un land de l’ancienne RDA, l’AfD, l’Alternative pour l’Allemagne, s’impose en troisième force politique du pays. En seulement trois ans d’existence, ce parti est entré aux Parlements de 9 des 16 länder, a envoyé sept députés au Parlement européen et les sondages lui accordent aujourd’hui 14% des intentions de vote aux législatives de septembre 2017, pourcentage qui pourrait augmenter dans les mois à venir.

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Fondée par un professeur d’économie entré en guerre contre le coût que représenterait pour l’Allemagne son appartenance à l’Union européenne, l’AfD doit son envol à la politique d’accueil des réfugiés de Mme Merkel. Comme toutes les nouvelles extrêmes-droites européennes, ce nouveau parti est ainsi tout autant hostile à l’Union qu’à l’immigration et, très directement, à l’islam. Le succès de ce cocktail devient un fait politique majeur dans toute l’Europe.

Tous les échiquiers en sont bouleversés. La fin de la prédominance électorale de la démocratie chrétienne et de la social-démocratie en est précipitée. Impensables il y a quelques années encore, des rapprochements de fond entre droites et gauches modérées vont s’imposer. L’Europe est désormais entrée dans un futur politique indéfini et,pour l’heure, ses plus grands pays sont affaiblis.

L’Allemagne l’est car le parti de Mme Merkel est arrivé en troisième position dans le Mecklembourg Poméranie occidentale, derrière les sociaux-démocrates et derrière l’AfD qui a devancé les démocrates-chrétiens de près de trois points. Alors qu’on avait fini par la croire indéboulonnable, la chancelière a vu tomber sa côte de popularité à 44%. Elle n’est plus assurée d’être reconduite en septembre prochain et va devoir passer l’année qui vient à tenter de remonter la pente, au milieu des chausse-trappes de ses amis conservateurs et des spéculations qui vont déjà bon train sur les alliés qu’elles pourraient se trouver ou pas pour former une nouvelle coalition.

L’Allemagne n’est plus le pôle de stabilité de l’Europe. En Italie, Matteo Renzi entre, parallèlement, dans une période d’incertitude car le rebond économique qu’il avait promis tarde à venir. Faute de se trouver une nouvelle majorité, l’Espagne s’achemine vers ses troisièmes élections anticipées.

La France a pour président un homme dont les quatre cinquièmes des électeurs ne veulent plus et dont la marge de manœuvre devient infinitésimale. Quant à la Grande-Bretagne, elle ne sait tout simplement pas quoi faire de son Brexit sur lequel son nouveau gouvernement n’en finit plus de se diviser.

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