Le Congo, éternel victime du pillage et des guerres

France Inter
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Le retour au pays de quelques uns des opposants historiques au président Kabila pourrait être une bonne nouvelle. Mais rien n'est moins sûr quel'élection présidentielle de décembre prochain. Et pendant ce temps, le pillage continue.

On fait un peu la queue en ce moment à l'aéroport de Kinshasa : retour de Jean-Pierre Bemba, après une bonne décennie d'emprisonnement à La Haye, retour des collaborateurs et alliés de Moïse Katumbi, qui remplissait hier un avion entier.

Avec en prime, l'annonce du retour rapide de leur mentor. Les deux hommes sont de sérieux prétendants à la présidence de la République démocratique du Congo, la RDC, qui devrait connaître des élections présidentielles et législatives en décembre prochain.

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J'utilise à dessein le conditionnel, parce qu'en RDC, il n'y a rien de plus incertain qu'une élection. L'actuel président, Joseph Kabila, est au pouvoir depuis 17 ans et n'a pourtant été « élu » que deux fois à ce poste. En clair, il prolonge, prolonge, prolonge...

Comment prolonger une mandature déjà... prolongée?

Il a deux manières de le faire : la première consisterait à se présenter pour un 3e mandat, ce qui est interdit par la Constitution et que les accords de transition signé en 2016. Mais on n’est plus à cela près à Kinshasa

La 2e option consisterait à déclencher une petite guerre et rester au pouvoir pour « l'intérêt supérieur de la nation congolaise ». En plus, c'est facile : il y aurait plus de 120 groupes armés prêt à en découdre dans l'Est du pays.

Je pointe l'Est du Congo, notamment les Kivu autour de Goma, parce que c'est là que tout se joue. Cette région est gorgée de minerais indispensables à l'industrie électronique, dont le très précieux coltan.

Le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, pilleurs en chef

Précisément : trois pays qui depuis 30 ans pillent les ressources de leur faible voisin congolais. Ils se sont même spécialisé : le Rwanda est devenu ouvertement un des tout premiers exportateurs mondiaux de coltan, un minerai qu'il n'a pas dans son sol !

Le fameux miracle économique rwandais tant vanté y compris en Occident s'explique en grande partie par ce pillage en règle de la RDC. A la décharge du Rwanda, le Burundi se sert en or et l'Ouganda en tout ce qu'il peut ! C'est une affaire régionale qui roule.

Le Rwanda et l'Ouganda qui ont peuplé l'armée et l'administration congolaise d'obligés. Ils ont en plus le soutien de Kabila, le président. Il s'agit en fait de colonialisme de proximité ! Donc, vu de Kampala et de Kigali, il est urgent de ne rien changer.

L'Angola et le Zimbabwe ne sont pas en reste

L'Angola parce que l'essentiel de son pétrole est produit en eaux congolaises ; le Zimbabwe parce que les caciques au pouvoir à Harare, dont l'actuel président Mnangagwa, se sont enrichis en signant des contrats miniers léonins avec Kinshasa.

En clair, tout le monde dans la région, du sud à l'Est, s'est goinfré. Il n'y a pas d'autre mot – pour décrire le pillage d'un pays qui, s'il mettait en valeur ses terres, nourrirait l'Afrique. Tous ces pays et intérêts privés préféreront tuer et massacrer plutôt que de rendre le magot.