Cela n’a rien d’une surprise...
On s’y attendait et elle l’avait laissé dire depuis plusieurs jours mais, officielle depuis hier soir, la volonté de Mme Merkel de briguer un quatrième mandat à la rentrée prochaine n’en est pas moins un fait politique majeur.
Pour peu qu’elle l’emporte, ce qui n’est bien sûr pas certain mais probable, la chancelière pourrait ainsi devenir une figure centrale de la scène internationale. Elle le serait comme le plus ancien des dirigeants occidentaux en place. Elle le serait comme incarnation d’une puissance économique de tout premier plan. Elle le serait comme chancelière du pays le plus important et le plus influent de l’Union européenne puisque la Grande-Bretagne s’en va et que la France, quel que soit le résultat de sa présidentielle, aura besoin de plusieurs années pour retomber sur ses pieds.
Elle le serait aussi car Angela Merkel a des positions politiques claires et tranchées qu’elle serait en mesure de défendre.
Elle considère que la montée des nouvelles extrêmes-droites européennes et l’élection concomitante de Donald Trump aux Etats-Unis sont grosses de dangers pour la démocratie. Elle l’a fait comprendre sitôt connus les résultats de l’élection américaine. Il y a longtemps qu’elle dénonce haut et fort les nouvelles extrêmes droites et, plus frappant encore, elle a tenu à inscrire, hier, l’annonce de sa nouvelle candidature dans le contexte de la démagogie ambiante et de la nécessité de rejeter « la haine » de l’autre et de défendre les valeurs de « liberté », de « démocratie » et « d’Etat de droit ».
Fille de pasteur, née et grandie sous le communisme est-allemand, Mme Merkel - « l’anti-Trump », disait hier l’un de ses amis politiques – pourrait opposer à l’extrémisme montant la force de ses convictions, la puissance allemande et les traditions de la démocratie chrétienne mais ce n’est pas tout.
La chancelière est également décidée à contrer Vladimir Poutine, l’ami russe de Donald Trump et des extrêmes-droites, dont elle observe avec inquiétude le comportement en Ukraine, en Syrie et en Russie même. A l’heure où le président élu des Etats-Unis met en doute la solidarité de l’Amérique avec les autres pays de l’Alliance atlantique, cela place Mme Merkel en position de recours des Etats sortis du bloc soviétique. Elle pourrait ainsi les convaincre d’opter pour la constitution d’une Défense européenne qui devient toujours plus nécessaire, en faveur de laquelle l’Allemagne et la France plaident à l’unisson et qui ouvrirait, de surcroît, la voie à l’indispensable rebond de l’Union.
Si elle l’emporte dans dix mois, c’est un rôle historique que la chancelière allemande aura à jouer mais il lui faudra sortir du piège de la politique de rigueur européenne qui est devenue son grand problème.
Si elle accepte de moins lutter contre les déficits publics de l’Union, elle risque de sérieuses difficultés avec les courants les plus orthodoxes de son parti. Si elle s’y refuse, elle alimentera la poussée extrémiste et un anti-germanisme montant auxquels elle pourrait se heurter de plein fouet.
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