En visite en Lituanie et en Lettonie, le président clarifie sa position vis-à-vis de Vladimir Poutine, après avoir engagé l’an dernier un dialogue qui a tourné court. Il refuse toutefois de l’interrompe.
La diplomatie n’est pas une science exacte, Emmanuel Macron le constate chaque jour. Dimanche pour dénoncer l’impasse dans laquelle se trouve son initiative au Liban ; aujourd’hui pour tirer les leçons de son dialogue politique avec Vladimir Poutine qui a tourné court.
Sa visite hier et aujourd’hui en Lituanie et en Lettonie, deux pays de l’Union européenne autrefois républiques soviétiques, lui a permis de clarifier sa position vis-à-vis de la Russie. Le Président avait surpris, agacé, voire choqué l’an dernier, lorsqu’il avait reçu Vladimir Poutine au Fort de Brégançon, défendant l’idée d’une reprise du dialogue avec le maître du Kremlin, même en l’absence de tout progrès sur les nombreux contentieux avec la Russie.
Un an après, l’ambiance a changé, sous le double coup des événements en cours en Biélorussie, et de l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny au Novichok, une arme chimique qui porte la signature de l’État russe. Emmanuel Macron en a tiré les conséquences en opérant un virage diplomatique, sans pour autant rompre le dialogue.
Sur la Biélorussie d’abord, la France a annoncé qu’elle ne reconnaissait pas la réélection d’Alexandre Loukachenko à la présidence de la Biélorussie, alors que Moscou lui apporte un soutien vital. Loukachenko a prêté serment secrètement tandis que, chaque dimanche depuis deux mois, plusieurs dizaines de milliers de personnes bravent la répression pour protester dans les rues.
Cette position tranchée sur la Biélorussie était la condition de la réussite de son voyage en Lituanie, devenue la base arrière de l’opposition à Loukachenko. La Lituanie a fait partie des pays qui n’ont pas compris la main tendue par Macron à Poutine : vu de Viulnius, c’est au mieux de la naïveté. Mais dans le même temps, 300 soldats français sont stationnés en Lituanie dans le cadre de l’OTAN, et le ministre des affaires étrangères lituanien exprimait hier au "Monde "sa "reconnaissance" pour un soutien "visible et tangible" qui aide à la stabilité à la frontière orientale de l’Union européenne.
Emmanuel Macon a également condamné la tentative d’assassinat de Navalny, et a tenté de s’en expliquer lors d’un entretien téléphonique avec Poutine, qui n’a convaincu personne.
Le dialogue continue donc avec Poutine, "sans naïveté", a-t-il dit hier soir à Vilnius, même si Emmanuel Macron n’en attend plus rien à court terme. Mais il estime que l’Europe n’a rien à gagner à fermer toutes les portes à la Russie, et à la pousser un peu plus dans les bras de la Chine.
Il se trouve conforté par la principale figure symbolique de l’opposition biélorusse, l’ancienne candidate, Svetlana Thikanovskaïa, réfugiée en Lituanie, et qu’il doit rencontrer aujourd’hui. Elle a demandé à Emmanuel Macron d’être "le médiateur dont nous avons terriblement besoin" pour résoudre la crise en Biélorussie. "M. Macron, a-t-elle ajouté, pourrait être capable d’influencer M. Poutine avec lequel il a de bonnes relations".
Ca n’est pas prêt d’arriver dans le contexte international actuel, mais ça conforte Emmanuel Macron dans son "en même temps" européen : défendre la Lituanie ou Navalny face au pouvoir russe, et dialoguer avec la Russie malgré tout. Une ligne finalement assez "gaullienne", à condition de ne pas être dans l’ambiguïté diplomatique, surtout vis-à-vis de ses alliés européens.
L'équipe
- Production