Le premier des trois débats

France Inter
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Il y avait bien deux lignes politiques dans ce débat, et parfaitement claires...

L’économie, Donald Trump l’aborde en dénonçant, d’emblée, la fuite des usines et des emplois américains à l’étranger. Il a raison. C’est un défi que tous les pays occidentaux ont à relever, l’Europe et les Etats-Unis, mais comment compte-t-il le faire ?

Sa réponse vient tout aussi vite. Il faut, dit-il, encore plus déréglementer pour donner plus de liberté aux entreprises et radicalement baisser leurs impôts pour qu’elles ne soient plus incitées à aller produire ailleurs. Il entend, en clair, accentuer la libéralisation de l’économie, ce qui se fait depuis le début des années 80 et ce qui avait conduit, relève aussitôt Hillary Clinton, à la crise de Wall Street, en 2008.

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Pour la candidate démocrate, la priorité n’est pas là. Elle veut, elle, augmenter les impôts des plus riches, entreprises et particuliers, afin de baisser ceux des plus démunis et des PME et de redonner ainsi des moyens à l’initiative individuelle et à l’investissement collectif, sources de nouvelles richesses.

Vu d’Europe, on considère souvent qu’il n’y aurait pas de différence entre les deux grands partis américains mais hier soir, dans ce débat, elles étaient absolument patentes, et classiques, sur les questions économiques, avec une droite et une gauche, un républicain libéral et une démocrate keynésienne ou redevenant keynésienne, en tout cas, après un long flirt avec le libéralisme.

Sur les questions de politique étrangère et de sécurité, les différences n’étaient pas moins grandes, mais beaucoup moins habituelles. Comme dans sa campagne, Donald Trump ressuscitait, hier soir, l’isolationnisme, courant bien oublié mais récurant du conservatisme américain.

Il ne veut plus, martèle-t-il, d’une Otan à laquelle tous les pays membres ne paient pas leur juste quote-part. Il raisonne, et le dit, en homme d’affaires qui refuse que des associés participent aux bénéfices sans avoir participé aux investissements alors qu’Hillary Clinton insiste, au contraire, sur les avantages que les Etats-Unis tirent de leurs alliances qui leur ont permis, notamment, d’imposer des sanctions économiques à l’Iran et de freiner ainsi son accession à l’arme nucléaire sans avoir à tirer un seul coup de feu.

Sur le fond, le candidat républicain est là beaucoup plus proche de Barack Obama que ne l’est la démocrate. Comme le président sortant, Donald Trump ne veut plus d’Etats-Unis gendarmes du monde. Il veut d’une Amérique qui pense d’abord à ses intérêts immédiats, en businessman, alors qu’Hillary Clinton, plus femme d’Etat, plus dans le long terme, s’emploie a rassurer les alliés sur la permanence de l’engagement des Etats-Unis dans la sécurité internationale.

Sur la forme maintenant, pour défendre leurs positions respectives, l’un et l’autre avaient fait des choix inverses. Se contenant et, donc, contrit, Donald Trump s’est presque fait courtois alors qu’Hillary Clinton a joué ce qu’elle est, la femme d’expérience, responsable et pondérée, et l’on ne joue jamais mieux que ce que l’on est.

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