

Affaibli, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, vient rencontrer Emmanuel Macron alors que les Américains multiplient les gestes hostiles.
Il fut un temps où la visite d’un Président palestinien à Paris aurait suscité une certaine effervescence autour d’une relance du processus de paix avec Israël. Plus maintenant.
Mahmoud Abbas rencontre cet après-midi Emmanuel Macron à l’Elysée, mais il s’agit plus de voir comment éviter la catastrophe que de relancer un processus en état de mort clinique depuis longtemps.
La semaine dernière, le 25ème anniversaire de l’un des authentiques miracles politiques de l’après-guerre froide est passé largement inaperçu. La poignée de mains entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, le 13 septembre 1993, incarnait l’espoir de mettre fin à des décennies d’hostilité.
A ce moment-là, une grande majorité au sein des deux peuples a cru que l’heure de la paix avait sonné. Vingt-cinq ans après les Accords d’Oslo, après beaucoup de sang et de larmes, non seulement la paix n’est pas au rendez-vous, mais l’expression « processus de paix » a été vidée de son sens.
L’équation proche-orientale est aujourd’hui sans solution, quelle que soit la manière de l’analyser.
Israël est dirigée par la coalition la plus à droite de son histoire, qui poursuit inexorablement la colonisation des territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Le fait accompli sur le terrain rend chaque jour moins crédible l’option des deux Etats, sans pour autant proposer d’alternative à une occupation éternelle.
Le paysage n’est pas plus brillant côté palestinien, qu’il s’agisse de la bande de Gaza prise entre la férule intégriste du Hamas et le blocus israélien ; ou de la Cisjordanie gérée par une Autorité palestinienne à bout de souffle.
Il ne manquait à ce paysage que Donald Trump, qui a rompu avec l’équilibrisme de Barack Obama pour s’engager à fond côté israélien afin de satisfaire son électorat évangélique. En quelques mois, Trump a changé la donne : transfert de son ambassade à Jérusalem, arrêt du financement de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, fermeture de la représentation palestinienne à Washington.
C’est souvent vers Paris que se sont tournés les dirigeants palestiniens quand tout allait mal. François Mitterrand a sauvé Yasser Arafat du siège de Beyrouth en 1982, et Jacques Chirac était aux yeux du chef palestinien le « Docteur Chirac » vers qui on pouvait se tourner en cas de problème…
Affaibli, le successeur de Yasser Arafat n’a guère le choix quand les États-Unis renoncent à jouer les bons offices. La France va en particulier aider à mobiliser des fonds alternatifs pour que le système d’écoles et d’hôpitaux palestiniens ne s’écroule pas.
Emmanuel Macron sera la semaine prochaine à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, et pourrait s’entretenir avec le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Mais il n’y a guère d’espace politique aujourd’hui pour autre chose que d’éviter le pire. La paix attendra des jours meilleurs
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