Le réveil européen face à la puissance chinoise

Le numéro un chinois Xi Jinping et son épouse arrivent à Rome jeudi 21 mars, au début d’une tournée en Europe qui les conduira ensuite à Monaco, puis en France.
Le numéro un chinois Xi Jinping et son épouse arrivent à Rome jeudi 21 mars, au début d’une tournée en Europe qui les conduira ensuite à Monaco, puis en France. ©AFP - Tiziana FABI / AFP
Le numéro un chinois Xi Jinping et son épouse arrivent à Rome jeudi 21 mars, au début d’une tournée en Europe qui les conduira ensuite à Monaco, puis en France. ©AFP - Tiziana FABI / AFP
Le numéro un chinois Xi Jinping et son épouse arrivent à Rome jeudi 21 mars, au début d’une tournée en Europe qui les conduira ensuite à Monaco, puis en France. ©AFP - Tiziana FABI / AFP
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Lors de son séjour à Paris, le président chinois Xi Jinping aura face à lui non seulement Emmanuel Macron, mais aussi Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, une partie de l’Europe en quête de rééquilibrage avec Pékin.

Il n’y a pas si longtemps, une visite en Europe d’un président chinois aurait été discutée en terme de contrats commerciaux. Cette fois, avec la venue de Xi Jinping, l’affaire est très politique, et c’est la première fois ; c’est le signe de la place majeure prise désormais par la Chine dans le monde, mais aussi du réveil tardif et partiel, mais réveil tout de même, de l’Europe.

La France a pris l’initiative sans précédent, pendant le séjour du président chinois, d’inviter la Chancelière allemande Angela Merkel et le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à une rencontre avec Xi Jinping à Paris mardi. C’est sans précédent car jusqu’ici, la Chine traitait avec les pays européens séparément, ce qui lui permettait de diviser pour mieux régner. Le seul moment commun était un sommet annuel Chine-UE, un rituel à l’ambition modeste.

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La France et l’Allemagne se sont concertées pour offrir un « front » commun face à une Chine qui inquiète, mais dont on ne peut plus se passer. Paris et Berlin, ainsi que la Commission, ont tenté d’élargir cette concertation à 27, au cours du dîner du Conseil européen hier soir, en dépit des divisions évidentes.

Avant de venir en France, le Président chinois se trouve actuellement en Italie qui a adopté une stratégie différente de celle de la France et de l’Allemagne. 

Le gouvernement italien, de la coalition extrême-droite-populiste, a accepté de signer avec la Chine un protocole d’accord sur les nouvelles routes de la soie chinoises, la stratégie d’influence de Pékin dans le monde. L’Italie est le seul pays du G7 à avoir accepté de signer, et en échange de cette caution, elle espère de gros investissements dans le port de Trieste, transformé en « hub » chinois.

Français et Allemands souhaitent au contraire négocier, dans un meilleur rapport de force, des relations de réciprocité avec la Chine. La Commission a fait la semaine dernière dix propositions pour une stratégie commune face à une Chine décrite comme un « rival systémique » de l’Europe.

Il est clair que ni la France, ni même l’Allemagne, n’ont désormais la taille nécessaire pour traiter d’égal à égal avec la Chine. L’Europe est évidemment le bon niveau, mais encore faut-il que Pékin la prenne au sérieux.

La Chine, qui est engagée dans une guerre commerciale et une rivalité de superpuissance avec les États-Unis, aurait intérêt à cultiver de bons rapports avec cette Europe délaissée par Donald Trump. Encore faut-il que Xi Jinping accepte de mettre tous les problèmes sur la table, y compris les droits de l’homme qui se sont sérieusement détériorés depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2012.

On n’en est pas encore là, mais ce voyage de Xi Jinping en Europe marque l’entrée dans un monde dans lequel la Chine est non seulement un géant économique, mais une superpuissance politique avec laquelle il va falloir apprendre à vivre, et réformer la règle du jeu. C’est tout l’enjeu de cette visite.  

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