Les alliés du Liban

Des Libanais se réunissent pour une veillée organisée aux jardins de Kensington, dans le centre de Londres, pour honorer les victimes de l'explosion de Beyrouth le 5 août 2020
Des Libanais se réunissent pour une veillée organisée aux jardins de Kensington, dans le centre de Londres, pour honorer les victimes de l'explosion de Beyrouth le 5 août 2020 ©AFP - Tolga Akmen
Des Libanais se réunissent pour une veillée organisée aux jardins de Kensington, dans le centre de Londres, pour honorer les victimes de l'explosion de Beyrouth le 5 août 2020 ©AFP - Tolga Akmen
Des Libanais se réunissent pour une veillée organisée aux jardins de Kensington, dans le centre de Londres, pour honorer les victimes de l'explosion de Beyrouth le 5 août 2020 ©AFP - Tolga Akmen
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Emmanuel Macron se rendra à Beyrouth ce jeudi. Si on lit attentivement son tweet, Emmanuel Macron se rendra d'abord et avant tout « auprès du peuple libanais » et ensuite se pliera au protocole qui l'obligera à saluer les dirigeants du pays.

Ce qui est une façon de dire qu'il a compris les quelques mois d'histoire que vient de vivre le pays du cèdre : depuis octobre 2019 et jusqu'en mars 2020, les Libanais sont descendus dans les rues.

Ils réclamaient la fin d'un système clientéliste et fondé sur un partage du pouvoir entre 18 communautés religieuses. Un système jugé par la rue corrompu et à bout de souffle. Le président français semble donc vouloir enjamber cette classe politique honnie.

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Par ailleurs, il fait aussi un geste très « mitterrandien ». Souvenez-vous, juin 1992, Sarajevo est assiégée par les Serbes. François Mitterrand brise l'encerclement et est le premier chef d'Etat à se rendre sur place. Comme aujourd'hui Emmanuel Macron

La France n'est pas la seule amie du Liban

Non, bien sûr. Au cours des jours et des semaines à venir l'ensemble de la communauté internationale va multiplier et les aides d'urgence humanitaire et les promesses de dons pour parer au plus pressé, à savoir le soin aux victimes et les livraisons de nourriture.

Viendra ensuite le temps des bailleurs internationaux pour la reconstruction du pays. Dans des circonstances normales, le Liban pouvait compter sur au moins trois pourvoyeurs de fonds : l'Europe et les Etats-Unis, les monarchies du Golfe et enfin l'Iran.

Les deux derniers servant en priorité leur clientèle, à savoir les sunnites pour l'Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis ou encore le Qatar et les chiites, notamment le Hezbollah pour l'Iran. Mais ça c'était avant.

Aujourd'hui tout a changé

Prenez les Occidentaux par exemple : par la voix de la France, ils ont déjà fait savoir qu'il n'était plus question de payer sans réformer en profondeur. Il y a,11 milliards de dollars qui attendent toujours ces réformes pour être débloqués et ce depuis 2018.

L'Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis, pour leur part, refusent depuis des mois tout renflouement du Liban tant que les sunnites libanais ne se distanceront pas radicalement du Hezbollah et donc de l'Iran.

Une exigence impossible à satisfaire : les Hezbollah et son bloc de députés est de toutes les combinaisons politiques. Il s'est, par ailleurs, constitué en Etat et armée parallèle et gère des hôpitaux, des flottes d'ambulance aujourd'hui plus incontournables encore.

Pourquoi le Liban ne pourrait-il plus compter sur l'Iran ?

Le Hezbollah coûte en moyenne 700 millions de dollar annuels à Téhéran. Mais les sanctions économiques américaines, la chute du prix du pétrole et la crise du covid19 ont asséché les finances de la République islamique. Le Hezbollah est à la peine.

On pourrait imaginer d'autres alliés – et les Libanais ne manquent pas d'imagination lorsqu'il s'agit de se trouver des parrains internationaux. La Turquie par exemple, qui a essayé plusieurs fois de pousser ses pions auprès de la classe politique locale.

Sauf que parmi les 18 communautés ethnico-religieuses locales, il y a les Arméniens qui n'oublient pas le génocide de 1915 et qui font bloc contre toutes avances turques. En fait, une sorte de piège parfait s'est refermé sur le Liban :

Ses parrains internationaux, qui des années durant ont rempli les caisses du pays, ne veulent plus ou ne peuvent plus remettre au pot. La visite mitterrandienne d'Emmanuel Macron à Beyrouth en est le symbole : il vient sans argent mais avec beaucoup de compassion.

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