Tout menace aujourd’hui l’Union européenne. Elle est devenue profondément impopulaire car elle est désormais assimilée aux politiques d’austérité que les dirigeants de ses 28 pays se sont résolus à mettre en œuvre pour réduire l’endettement de leurs Etats. L’Union est devenue tellement synonyme de la diminution des dépenses publiques et, donc, de la baisse du niveau de vie et de la protection sociale que ses citoyens – on le disait hier – ne sont aujourd’hui plus loin de rejeter l’idée même d’unité de l’Europe. Il est maintenant possible, voire probable, que les élections européennes voient triompher, au printemps prochain, des formations europhobes dont l’objectif sera de désunir l’Union pour en revenir aux frontières et aux monnaies nationales. L’unité de l’Europe est d’autant plus fragilisée que l’Union suscite tant de méfiance et d’hostilité que ses citoyens diraient « non » à tout nouveau projet de traité alors même qu’il lui faudrait de nouvelles institutions pour se doter de dirigeants élus sur un programme pour l’Europe et responsables devant ses électeurs. L’Union connaît une crise politique autrement plus grave que la crise économique dont elle est en train de lentement sortir et toute la question est donc – on en est là – de savoir si l’on peut encore la sauver. La réponse est oui. On peut encore sauver l’Union mais à la condition de montrer, et très vite, qu’elle peut être le moyen, le seul en fait, de réindustrialiser l’Europe, d’y créer des emplois, d’y relancer la croissance et d’y faire renaître une confiance en l’avenir. Il n’y a rien là d’impossible puisque l’Union européenne est la première puissance économique mondiale, qu’elle bénéficie d’un niveau d’instruction à nul autre pareil et que ses pays sont assez riches pour pouvoir investir dans la recherche et les industries qui pourraient assurer demain sa compétitivité internationale. L’Europe est tout, sauf perdue mais elle ne pourra reprendre force qu’à trois conditions. La première est que, tout en poursuivant l’indispensable effort d’assainissement de ses comptes publics, elle se décide à investir en commun dans une politique industrielle commune qui la dote de champions à même de faire face à la concurrence des Etats-Unis et des pays émergents. La deuxième est qu’elle harmonise ses politiques économiques, sociales et fiscales pour cesser de marcher sur la tête avec une monnaie commune aux dix-sept pays de la zone euro et dix-sept politiques économiques différentes et, souvent, divergentes. La troisième, enfin, est qu’elle organise, pour cela, la zone euro en une union politique dotée d’un gouvernement et d’objectifs communs.Dans un premier temps, tout cela peut se faire sans se lancer dans une modification des traités. Il s’agit, d’abord, d’atteler la zone euro à son redressement et c’est sur ce schéma que l’Allemagne et la France se sont mises d’accord depuis le printemps dernier. On sait comment faire. On sait ce qui devrait être fait mais il faut maintenant le faire, maintenant, tout de suite, avant qu’il ne soit trop tard.
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