Où l'on voit que le président américain aura bien du mal a réparer ses pots cassés asiatiques
Il va quitter les Etats-Unis pour pas moins de douze jours. Japon, Corée, Chine, Vietnam, Philippines, Donald Trump sera en Asie au moment où l’enquête russe prend toujours plus d’ampleur à Washington et où le premier anniversaire de son élection, mardi prochain, sera l’occasion de bilans forcément peu flatteurs.
En pareil cas, mieux vaut prendre de la distance mais cette tournée asiatique présente aussi ses dangers car c’est sur ce continent que Donald Trump a le plus bouleversé la donne sans avoir encore ouvert de nouvel horizon.
Durant sa campagne, c’était clair.
Il allait se rapprocher de la Russie pour mieux isoler la Chine et la forcer à réévaluer sa monnaie, augmenter ses prix et cesser ainsi d’inonder les Etats-Unis de produits à bas coûts qui mettent l’industrie américaine en faillite et ses ouvriers au chômage. On allait voir ce qu’on allait voir mais les soupçons de connivence entre la campagne Trump et le Kremlin ont si vite été tels que, de crainte de les accréditer, le nouveau président n’a pas pu opérer le rapprochement tant espéré avec Moscou, qu’il s’en trouve bien incapable de faire plier la Chine ou même de la contraindre à arrondir les angles et que la deuxième économie du monde continue d’affirmer sa centralité en Asie, notamment par le développement de sa présence militaire en mer de Chine.
Donald Trump a d’excellentes relations avec Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, mais que pourra-t-il lui dire pour le rassurer face au plus peuplé des pays du monde dont les dépenses militaires croissent aujourd’hui de façon exponentielle ?
Pour l’heure, on ne voit pas et on le voit d’autant moins qu’une des premières mesures de Donald Trump avait été de tuer l’Accord de libre-échange Asie Pacifique que son prédécesseur, Barack Obama, avait conçu afin d’unir l’Asie aux Etats-Unis dans un marché commun destiné à faire contrepoids à la Chine.
Les alliés asiatiques des Etats-Unis n’en sont toujours pas revenus et tous vont ainsi scruter le déroulement de l’étape chinoise du président américain durant laquelle il sera fastueusement reçu par Xi Jinping dont Donald Trump dit désormais, avec une confondante subtilité : « C’est un homme puissant. Je pense que c’est quelqu’un de très bien ».
M. Trump voudrait dire à l’Asie qu'elle n'a plus qu'à se coucher devant Pékin qu’il ne ferait pas mieux et puis il y a la Corée, cette Corée du Sud qui veut tout à la fois continuer d’être protégée de celle du Nord par les Etats-Unis et ne pas être entraînée par eux dans un conflit armé avec le régime de Pyongyang qui lui coûterait un nombre incalculable de morts et de destructions. Alors que dira Donald Trump à Séoul ? On ne sait pas, mais toute l'Asie et le monde entier se le demandent.
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