Nouveaux morts français au Mali : l’impossible révision stratégique

La Ministre des armées Florence Parly, rend hommage à deux militaires français morts en opération au Sahel, le 9 septembre 2020 à Tarbes. 55 militaires français sont morts au Sahel depuis 2013.
La Ministre des armées Florence Parly, rend hommage à deux militaires français morts en opération au Sahel, le 9 septembre 2020 à Tarbes. 55 militaires français sont morts au Sahel depuis 2013. ©AFP - Laurent DARD / AFP
La Ministre des armées Florence Parly, rend hommage à deux militaires français morts en opération au Sahel, le 9 septembre 2020 à Tarbes. 55 militaires français sont morts au Sahel depuis 2013. ©AFP - Laurent DARD / AFP
La Ministre des armées Florence Parly, rend hommage à deux militaires français morts en opération au Sahel, le 9 septembre 2020 à Tarbes. 55 militaires français sont morts au Sahel depuis 2013. ©AFP - Laurent DARD / AFP
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Cinq morts français en une semaine au Mali, une centaine de villageois nigériens massacrés… La guerre au Sahel ne montre aucun signe de faiblesse, rendant un désengagement français impossible sans abandonner le terrain aux djihadistes.

A chaque victime de l’engagement français au Sahel depuis bientôt huit ans - et il y a eu 55 morts au cours de cette période dont cinq pour la seule semaine écoulée -, il y a les hommages nationaux, les engagements solennels à poursuivre la mission ; et de timides interrogations sur la stratégie.

Les dernières victimes dues à des explosion d’IED, ces mines artisanales placées sur les pistes du Mali, ne font pas exception. D’autant que s’y ajoutent, il ne faut surtout pas les oublier, les quelque 100 victimes de deux attaques terroristes, également samedi, dans deux villages de l’Ouest du Niger, non loin de la frontière malienne ; des villageois massacrés pour ne pas avoir voulu prendre parti dans le conflit entre les groupes armés et les États de la zone sahélienne.

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Carte de la région frontalière entre le Mali et le Niger où se sont produites les explosions qui ont tué les soldats, et, de l'autre côté, les attaques meurtrières de villages nigériens.
Carte de la région frontalière entre le Mali et le Niger où se sont produites les explosions qui ont tué les soldats, et, de l'autre côté, les attaques meurtrières de villages nigériens.
© AFP - Kun TIAN, Laurence CHU / AFP

Le constat est imparable : malgré les succès militaires annoncés, avec l’élimination régulière de leaders recherchés de groupes djihadistes, ces derniers continuent de frapper régulièrement les États de la région, les populations prises entre deux feux, et l’armée française, dernier rempart de gouvernements largement impuissants. La réponse n’est donc pas uniquement militaire.

Depuis plusieurs années, la France, impliquée directement depuis l’intervention décidée en 2013 par François Hollande pour stopper une colonne djihadiste qui fonçait sur Bamako, tente une double stratégie : d’abord renforcer les armées africaines pour qu’elles puissent assurer un rôle majeur sur le terrain ; et européaniser le soutien étranger, afin de ne pas laisser la France seule, cible facile avec son passé colonial. 

Puis développer le volet civil de la réponse, dans une région où la gouvernance est défaillante, et les États trop faibles pour contrer des groupes qui savent jouer des contradictions locales, ethniques, religieuses, économiques et sociales.

Le problème est que cette stratégie avance plus lentement que la progression des groupes terroristes, rendant impossible un retrait, voire même un allègement significatif, du dispositif français, sauf à abandonner ces pays à une menace bien réelle.

Dans une interview au Monde, cet été, le chef d’état-major, le général Lecointre, soulignait que l’engagement français devrait un jour prendre fin. "Toute la question, ajoutait-il, est de le faire au bon moment, en mesurant les risques".

Ce "bon moment" n’est pas encore arrivé, pas du point de vue de Paris en tous cas ; mais c’est le dilemme de toutes les interventions militaires lointaines, - pensez à l’Afghanistan ! - ce moment n’arrive jamais car les acquis de la guerre sont jugés trop fragiles.

C’est le piège des guerres ingagnables et sans fin. Les groupes terroristes causent des pertes dans l’espoir de pousser les forces étrangères à partir, mais celles-ci ne veulent pas se retirer sous pression, sous peine de donner la victoire à leurs ennemis.

Reste la dernière option, encore taboue à Paris : la négociation. Elle est entrée dans les esprits de certains dirigeants africains, et l’accord que les Américains ont conclu avec les talibans afghans pourrait servir de précédent. 

Le monde d'après
3 min

Mais ce n’est pas encore d’actualité. Pour l’heure, Paris serre les dents face aux coups durs, et se prépare à ajuster sa stratégie, pas à la remettre en question. L’heure des grandes révisions n’a pas encore sonné.