Portrait de l'Ethiopie

France Inter
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Aujourd'hui Anthony Bellanger, vous avez voulu faire un portrait de l'Ethiopie...

A l'occasion, bien sûr de la visite de B. Obama dans ce pays d'Afrique de l'Est deux fois grand comme la France et qui compte près de 100M d'habitants. Un géant dans la région. Mais pour beaucoup de nos auditeurs, l'Ethiopie, c'est avant tout une chanson de 1984 :

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Extrait de la chanson "Feed the word" de Band Air

Vous vous souvenez certainement : Band Aid, « Feed The World », Bob Geldorf, Phil Collins, Boy George, George Michael, Sting, ils s'étaient tous mobiliser pour répondre à une famine « de proportion biblique en plein XXème siècle » en Ethiopie.

A l'époque 8 millions d'Ethiopiens avaient été affectés par cette grande famine et un million en serait mort. Trente ans plus tard, c'est un tout autre pays que Barack Obama va visiter : L'Ethiopie, trente ans plus tard, c'est l'histoire d'une renaissance.

On parle d'ailleurs de « tigre africain »...

Oui, ou plutôt « lion africain » parce que, je le rappelle, il n'y a pas de tigres en Afrique ! Mais vous avez raison, les chiffres bruts de l'économie éthiopienne sont impressionnants : à commencer par une croissance de 8 à 10% par an depuis + de 10 ans.

Et une croissance vertueuse en plus : depuis 20 ans, les autorités éthiopiennes consacrent 60% du budget national à la sainte trilogie du développement durable : éducation, infrastructures, agriculture.

Du coup, plus de famines depuis 30 ans, un nombre record d'enfants scolarisés et des infrastructures uniques en Afrique sub-saharienne : un métro tramway inauguré il y a qqs semaines dans la capitale, Addis Abeba, 5 000 kms de voies ferrées en construction...

Et surtout le plus grand barrage d'Afrique sur le Nil bleu, le barrage de la Renaissance. Avec à terme une production électrique de 6 000MW, c'est-à-dire trois fois celle du barrage d'Assouan, en Egypte qui était jusqu'à lors la référence absolue dans la région.

Ca paraît presque trop beau pour être vrai !

Vous avez raison : les chiffres ne décrivent jamais la vérité. L'Ethiopie reste un des pays les plus pauvres du monde. Si on veut comparer, le Vietnam, qui a à peu près la même population, est déjà 4 fois plus riche alors que les 2 pays sont partis du même point.

Le pays n'est pas non plus, loin de là, un modèle de démocratie. Mais pas plus que la Chine, le Vietnam, dont on vient de parler ou encore l'Egypte du président Al Sissi. Le modèle est partout le même : enrichissez-vous mais ne vous occupez pas de politique.

Alors il y a de meilleurs élèves que l'Ethiopie, comme par exemple le Kenya qui est à la fois en avance économiquement et qui a mis en place un système politique plus ouvert, plus démocratique, pour faire vite.

Mais il y a aussi ben pire : autour de l'Ethiopie, c'est une ceinture de guerre, de répression, de dictature et d'intolérance religieuse. Il suffit d'égrener les noms : Soudan, Soudan du Sud, Somalie et Érythrée, le régime le plus féroce de la région.

Dernier chiffre tout de même pour conclure ce portrait chinois – et rapide : l'Ethiopie a réduit des deux tiers sa mortalité infantile et ce, en avance de trois ans sur les prévisions les plus optimistes. Pas mal pour un pays qui mourrait de faim il y a 30 ans ?

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