

La question se pose d'autant plus que le Burkina Faso est en périphérie de la guerre qui oppose les groupes djihadistes et les Etats de la région appuyés par la France.
Ça se passe plus à l'Est et au Nord, au Niger mais surtout au Mali voisin.
Le Burkina Faso a certes des populations touarègues, qui sont au cœur des combats et des revendications, mais en quantité très marginale. Même du point de vue religieux, le Burkina est singulier. L'islam y est majoritaire, certes, mais de peu. Un quart de la population est chrétienne et l'animisme y est encore très vivace.
La raison pour laquelle le Burkina est donc visé par les djihadistes est donc à chercher ailleurs que dans la religion, l'intérêt stratégique ou la composition ethnique du pays. Le raison elle tient en un mot : démocratie.
C'est parce que le Burkina Faso est une démocratie qu'il est une cible
Mais pour une raison presque circonstancielle. Pour cela, il faut revenir un peu en arrière. Nous somme fin octobre 2014. Après plusieurs mois de manifs et un magnifique soulèvement populaire, le président Blaise Compaoré est chassé du pouvoir.
Or, en bon militaire qu'il était, Compaoré avait donc pendant ses presque 30 années au pouvoir, pris un soin tout particulier à organiser une véritable garde prétorienne entièrement dévouée, le Régiment de sécurité présidentielle, le RSP.
Un bon millier d'hommes choyé par le régime très bien équipés, tout en prenant soin d'appauvrir le reste de l'armée, histoire de se protéger des soulèvements militaires.
A son départ, cette garde prétorienne a été démantelée
Ça a même été une des premières tâches du nouveau pouvoir et on les comprend. Mais du coup, l'armée en est réduite à sa partie la moins bien équipée et entraînée. Même punition pour les services de renseignements.
Sous Blaire Compaoré, comme dans toutes les dictatures, ils avaient la réputation d'être extrêmement efficaces et étaient dirigés par une poignée d'hommes fidèles. Eux aussi ont été purgés et les services aussi.
Or, contre les djihadistes, ce sont les services de renseignement qui font le boulot le plus utile. Le Burkina Faso c'est donc retrouvé à nu. Il faut ajouter une dernière chose pour bien comprendre : Blaise Compaoré avait établi une sorte de pacte de non-agression avec les groupes djihadistes de la région. Ils avaient tables et hôtels ouverts à Ouagadougou et les négociations pour libérer des otages, par exemple, passaient souvent par la Burkina. En échange : pas d'attentats.
La chute du dictateur a sonné la fin de ces accords secrets
Pas si secrets que cela, tout le monde le savait dans la région. Mais vous avez raison : plus de Compaoré, plus de base arrière, plus de suites réservées dans les hôtels de la capitale : les djihadistes ont commencé à frapper le Burkina au cœur.
En janvier 2016, quelques jours après l'installation du nouveau gouvernement, ils ont fait 30 morts au même endroit que l'attaque qui a lieu en ce moment même. Le message était clair à l'époque et l'est encore aujourd'hui, alors que s'est ouvert en avril le procès par contumace de Blaise Compaoré.
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