Quand le Vénézuela menace son petit voisin le Guyana

France Inter
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Aujourd'hui Anthony, direction le Venezuela où depuis quelques jours le président menace son petit voisin le Guyana...

L'affaire est effectivement incroyable : depuis une dizaine de jours, le président vénézuélien Nicolas Maduro a décidé de réclamer pour son compte pas moins des trois-quarts du territoire du Guyana.

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Vous avez bien entendu...

C'est comme si la France voulait récupérer l'ensemble de la botte italienne en laissant généreusement aux italiens la Sicile et éventuellement Naples. La région en question s'appelle l'Essequibo et le Vénézuela le l'a pas revendiqué depuis... plus d'un siècle.

C'est d'autant plus étonnant que le Vénézuela est un géant comparé au petit Guyana. Les Vénézuéliens sont 30M, les Guyanais, un peu plus de 200.000 ! De plus, ce petit pays qui n'est pas très loin de notre Guyane est une des nations les plus pauvres d'Amérique latine.

Alors que le Vénézuela est, lui, assis sur les premières réserves de pétrole au monde, devant l'Arabie Saoudite ! Et qu'en plus, il se veut le champion de l'aide aux pays pauvres de la région, notamment par le biais de fourniture de pétrole bon marché.

Vous n'y échapperez pas, je vous repose la question : pourquoi ces menaces ?

La réponse est tout bêtement liée à la situation intérieure, à l'état économique épouvantable dans lequel se trouve ce pays qui a pourtant tout pour réussir. Aujourd'hui, on manque de tout à Caracas et plus encore dans les grandes villes du pays.

Plus de médicaments dans les hôpitaux, des pénuries incessantes de produits de première nécessité, voire de nourriture, un marché noir omniprésent, une insécurité omniprésente qui en fait un des pays les plus violents du continent.

Si vous ajoutez à cela un baril de pétrole dont le prix a été divisé par deux en un an, une pauvreté qui explose et une corruption comme jamais : vous obtenez la recette d'une catastrophe annoncée. Or, en décembre, il y aura des élections législatives.

Voulez-vous dire qu'une bonne petite guerre pourrait sauver le régime ?

C'est presque cela. Une bonne petite guerre avec des accents nationalistes de reconquête d'une sorte d'Alsace - Lorraine tropicale. Une petite guerre pas chère en plus ! Tout pour détourner les Vénézuéliens de leur quotidien misérable.

En plus, il faut bien donner du travail aux militaires vénézuéliens qui disposent, depuis que Maduro est au pouvoir, du plus gros budget du continent. Le pays est même devenu le premier importateur d'armes d'AmLat. Le tout sans aucun ennemi extérieur !

Jusqu'à la semaine dernière donc. Alors, je vous rassure : pour le moment Nicolas Maduro a surtout paradé en uniforme et il a constitué une commission, chargée de faire aimer le Vénézuela aux Guyanais de l'Essequibo. Comment dire... C'est pas gagné !

Et pour une raison toute simple : au Guyana, on parle anglais. Le pays est une ancienne colonie britannique. Pour se faire comprendre, les fonctionnaires de la Commission "Sauvons l'Essequibo" devront donc se mettre à la langue de l'ennemi impérialiste.

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