

Les « 28 » se retrouvent ce soir à Bruxelles pour évoquer le choix des dirigeants de l’Union pour les cinq prochaines années. Au cœur des discussions, le sort de Manfred Weber, le candidat de la droite pour la Présidence de la Commission, soutenu par Angela Merkel mais dont ne veut pas Emmanuel Macron.
Ils ne perdent pas de temps, les chefs d’État et de gouvernement européens, puisque 48 heures après le vote, ils se retrouvent ce soir pour un sujet difficile : le choix des dirigeants de l’Union pour les cinq prochaines années.
L’enjeu peut sembler trivial : la répartition des postes-clés entre les vainqueurs. Mais il y a plus dans ces choix que des questions de personnes ; il y a la feuille de route de l’Europe, à un moment où elle subit de plein fouet les coups de butoir de l’extrême-droite, et le risque d’être marginalisée dans un monde de géants sans états d’âme.
Les visages à la tête de l’Europe ont leur importance, ne serait-ce que pour permettre aux plus de 500 millions de citoyens du continent de s’identifier à cette structure impersonnelle qu’est « Bruxelles ».
Jacques Delors, lorsqu’il présidait la Commission de 1985 à 95, avait eu ce talent, au-delà de la France ; mais c’était une autre époque. Depuis, José Manuel Barroso, ou le sortant Jean-Claude Juncker, n’ont pas réussi à incarner la fonction d’un point de vue populaire. Pas plus que Herman Van Rompuy ou Donald Tusk, Présidents successifs du Conseil européen, poste créé en 2009.
La discussion sera serrée à Bruxelles ce soir, car le premier groupe du nouveau Parlement, le PPE, la droite conservatrice, revendique la Présidence de la Commission pour son chef de file, Manfred Weber. Issu de la CSU, l’allié bavarois d’Angela Merkel, Manfred Weber a deux handicaps : un déficit de notoriété, même après une campagne électorale, et une carrière d’eurodéputé sans relief. Nommer Weber, c’est l’assurance que l’Europe continuera comme avant, avec la désaffection que l’on connait.
Le PPE ayant subi un sérieux revers électoral, les opposants redressent la tête. Hier à ce micro, Pascal Canfin, numéro deux de la liste En Marche, estimait que la candidature de Manfred Weber était « disqualifiée », exprimant vraisemblablement l’opinion d’Emmanuel Macron. C’est donc un test de la capacité de Paris et Berlin, de Merkel et de Macron, à s’entendre sur l’avenir de l’Europe.
La France a un temps poussé Margrete Vestager, la Commissaire européenne danoise, figure féminine populaire, respectée deuis ses bras de fer avec les géants américains du numérique. Mais, elle aussi, a un handicap : elle vient d’un pays hors zone euro. Formule de compromis, Paris soutiendrait volontiers Michel Barnier, le négociateur du Brexit, qui a fait ses preuves, et appartient à l’aile modérée du PPE, le parti d’Angela Merkel.
Tout dépendra des majorités qui se dessineront dans la nouvelle configuration. Le PPE devra forcément composer avec les nouvelles forces montantes, les libéraux et les Verts.
Emmanuel Macron espère ainsi être le « faiseur de roi » en Europe, selon la formule du site bruxellois Euractiv, qui souligne ce paradoxe malgré la performance en demi-teinte de sa liste.
Ce rôle pivot sera donc soumis à son premier test ce soir. Ca demandera un art du compromis pour que tout le monde en sorte satisfait - y compris les citoyens européens.
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