Taiwan aux urnes pour garder la Chine à distance

La Présidente taiwanaise, Tsai Ing-wen (au centre), candidate pour un second mandat, lors d’un meeting électoral le 5 janvier à Taipei.
La Présidente taiwanaise, Tsai Ing-wen (au centre), candidate pour un second mandat, lors d’un meeting électoral le 5 janvier à Taipei. ©AFP - Sam Yeh / AFP
La Présidente taiwanaise, Tsai Ing-wen (au centre), candidate pour un second mandat, lors d’un meeting électoral le 5 janvier à Taipei. ©AFP - Sam Yeh / AFP
La Présidente taiwanaise, Tsai Ing-wen (au centre), candidate pour un second mandat, lors d’un meeting électoral le 5 janvier à Taipei. ©AFP - Sam Yeh / AFP
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La présidente sortante, une indépendantiste, est donnée favorite du scrutin de samedi, une réaction aux images de la répression à Hong Kong, qui ont fait du système chinois un repoussoir pour les électeurs taiwanais.

S’il est un endroit au monde où les oppositions entre les systèmes politiques sont aussi tranchées, où le potentiel de confrontation reste le plus élevé, c’est bien le détroit de Formose, qui sépare la Chine communiste de la petite île de Taiwan, une démocratie assez exemplaire.

C’est pour défendre leur différence que les 23 millions de Taiwanais vont voter samedi, pour élire leur Président et leur Parlement. Car leur immense voisin, avec ses 1,4 milliards d’habitants, une économie devenue la deuxième au monde, et une armée plus puissante, veut les « avaler », un nom d’une unité chinoise dont les Taiwanais ne veulent pas, ou plutôt ne veulent plus.

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La rivalité est ancienne, elle remonte à la victoire de Mao Zedong en 1949, et à la défaite de son rival nationaliste, Tchang Kai-shek. Ce dernier s’est replié sur Taiwan : il n’a jamais pu reconquérir le pouvoir à Pékin, et Mao n’a jamais pu mettre la main sur Taiwan.

Taiwan et la Chine, séparés par le détroit de Formose (ou de Taiwan)
Taiwan et la Chine, séparés par le détroit de Formose (ou de Taiwan)
© AFP - Crédit Laurence SAUBADU, Vincent LEFAI / AFP

A l’époque de la guerre froide, toutes deux étaient des dictatures opposées. Mais, depuis, Taiwan a connu une authentique démocratisation, donnant à leur rivalité une dimension systémique nouvelle.

La première préoccupation des électeurs taiwanais est la relation avec la Chine. La présidente sortante, Tsai-Ing-wen, est issue d’un parti dit « indépendantiste », qui prône en fait le statu quo, c’est-à-dire deux entités soigneusement distantes, comme deux pays étrangers mais sans le dire.

Il y a encore un an, elle était en grande difficulté, après avoir perdu des élections municipales. Mais c’est Xi Jinping, le numéro un communiste chinois, qui, si l’on peut dire, l’a remise en selle, au point d’être aujourd’hui imbattable, avec une énorme avance sur son rival nationaliste.

En janvier 2019, Xi Jinping a prononcé un discours très ferme sur la réunification avec Taiwan, n’excluant pas l’usage de la force, et proposant aux Taiwanais de leur octroyer le principe « un pays, deux systèmes » en vigueur à Hong Kong.

Mais en juin, Hong Kong est entré en rébellion, contre, justement, l’érosion de ce principe d’autonomie. Les images de la répression à Hong Kong ont suscité une vive émotion à Taiwan, et la popularité de Tsai Ing-wen s’est envolée.

Une réélection de la Présidente sortante sera prise comme une claque à Pékin, la seconde en quelques semaines après la victoire massive des candidats démocrates aux élections locales à Hong Kong.

Mais au lieu de s’interroger sur cet échec du « soft power » chinois, c’est-à-dire la capacité de séduire par son modèle plutôt que de s’imposer par la force, Pékin reste inflexible. 

A Taiwan, 5% des électeurs seulement, se disent favorables à la réunification avec la Chine, les autres se divisant sur la bonne distance. Dès lors, la tentation de la force sera-t-elle un jour trop pressante auprès de dirigeants chinois qui ont fait de cette réunification un des marqueurs de leur réussite ? Ils seraient plus avisés de respecter le choix des électeurs de l’île.