Pourquoi les Européens n'aiment plus l'Union au moment même où elle leur devient vitale…
L’unité européenne a 60 ans. Elle aura, plus précisément, 60 ans après-demain, jour anniversaire de la signature de son traité fondateur, le Traité de Rome, mais l’allégresse n’est pas au rendez-vous.
Pourquoi si peu de défenseurs de l'UE ?
Si l’on additionne les europhobes, les eurosceptiques et les eurom’enfoutistes, il n’y a plus qu’une minorité d’Européens pour vraiment croire aux bénéfices et en la nécessité de l’unité européenne. Cette ambition n’est plus majoritaire. C’est une réalité qui, désormais, menace la pérennité de l’Union qui a de vrais adversaires et bien peu de vrais défenseurs mais comment, pourquoi, en est-on arrivé là ?
La faute première en est aux Français
C’est la France qui avait refusé, en 1954, la création d’une Communauté européenne de défense, la CED, qui aurait fondé l’unité de l’Europe sur une Défense et des institutions politiques communes, sur une alliance politique et démocratique destinée à faire front à l’URSS et dont les objectifs auraient été parfaitement compréhensibles.
Les Gaullistes n’en avaient pas voulu car ils craignaient qu’elle ne mette l’Europe sous la coupe des Etats-Unis.
Les communistes l’avaient refusée car ils défendaient alors les intérêts soviétiques et l’unité européenne a donc dû prendre les chemins de traverse des stocks de beurre, du libre-échange et de la Politique agricole commune, tous sujets essentiels mais qui ne faisaient pas rêver.
Une unité construite loin des peuples
Les Européens étaient alors aussi favorables à ce Marché commun qu’ignorants de son fonctionnement. L’unité s’est construite loin des peuples, entre gouvernements, et lorsqu’elle est entrée dans la vie quotidienne des Européens, ce fut après l’euro, quand les critères de convergence entre les pays de la monnaie unique, les critères de Maastricht, ont imposé des réductions de dette et de déficit qui ont fait de l’Union une potion amère que personne ne pouvait aimer.
C’est la principale raison de ce désamour mais il y en a d’autres, bien sûr, car tout fait aujourd’hui peur aux Occidentaux qui voient émerger de vrais concurrents économiques et la conduite du monde leur échapper.
C’est pour cela que les Américains ont élu Trump, pour se barricader, et pour cela que ressurgissent en Europe des extrêmes droites pour lesquelles la salut serait dans le nationalisme, le retour aux protectionnisme et la fin de l’Union.
Bientôt, la guerre ?
C’est en fait la voie du tous contre tous et, bientôt, de la guerre.
Nous Européens avons plus que jamais besoin de notre unité parce que les Américains ne veulent plus assurer notre Défense, que nous ne pouvons la financer qu’ensemble, que nous ne pourrons défendre notre modèle social qu’en faisant front contre un argent sans frontières et que tout nous menace, le revanchisme de Vladimir Poutine, l’incertitude américaine, la concurrence des émergents et le terrorisme des djihadistes.
A bientôt 60 ans, notre unité est plus qu’une ambition de nous affirmer. Elle est indispensable à notre survie comme acteurs de la scène internationale mais il nous faut, pour cela, un nouveau départ dont on parlera demain, veille de cet anniversaire de l’Union, le soixantième.
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