Trump voudrait quitter l’Otan : un cadeau à Poutine ?

Donald Trump au sommet de l’Otan à Bruxelles, le 12 juillet 2018. Le prochain sommet en juin sera particulier, après les révélations du New York Times.
Donald Trump au sommet de l’Otan à Bruxelles, le 12 juillet 2018. Le prochain sommet en juin sera particulier, après les révélations du New York Times. ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
Donald Trump au sommet de l’Otan à Bruxelles, le 12 juillet 2018. Le prochain sommet en juin sera particulier, après les révélations du New York Times. ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
Donald Trump au sommet de l’Otan à Bruxelles, le 12 juillet 2018. Le prochain sommet en juin sera particulier, après les révélations du New York Times. ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
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Selon le New York Times, Donald Trump a suggéré à plusieurs reprises que les États-Unis quittent l’Otan, l’alliance qui garantit la sécurité de l’Europe. Une information lâchée dans le contexte des accusations de "collusion" avec la Russie.

Dans le flot d’informations sur les liens présumés entre Donald Trump et la Russie, figure une véritable bombe vue d’Europe : à plusieurs reprises l’an dernier, le président américain a suggéré que les États-Unis se retirent de l’OTAN, l’alliance militaire qui garantit la sécurité de l’Europe, depuis 70 ans.
 

C’est le New York Times qui l’affirme, en citant de hauts responsables de l’administration, qui redoutent que le président revienne à la charge avec cette idée sans précédent. Un tel retrait sonnerait la fin de l’alliance dirigée par les Américains, et changerait l’équilibre stratégique avec la Russie sur le continent européen.
 

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L’information est prise suffisamment au sérieux pour que Nicholas Burns, un ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, la qualifie sur Twitter de « pure folie ». « Ce serait l’une des plus grandes catastrophes stratégiques de l’histoire américaine », a ajouté l’ancien diplomate, qui a travaillé aussi bien avec les administrations démocrates que républicaines, et en appelle au Congrès pour l’empêcher.
 

A plusieurs reprises, Donald Trump a exprimé sa mauvaise humeur : les États-Unis payent, à son avis, une trop grande partie des dépenses pour la défense de l’Europe, alors que les Européens ne respectent toujours pas l’objectif de 2% de leur PIB pour leurs budgets militaires.
 

Cette querelle budgétaire est connue, et avait été attribuée au côté businessman du président américain, qui ne veut pas se « faire avoir ». Mais les révélations du New York Times vont un pas plus loin, puisque Donald Trump a plusieurs fois évoqué avec ses conseillers un départ des États-Unis, et donc la fin de la garantie de sécurité américaine pour l’Europe.
 

Dans le contexte des accusations de collusion entre le Président américain et la Russie, cette information prend  une toute autre dimension. Elle va en tous cas dans le sens souhaité par Vladimir Poutine.
 

Ce serait évidemment un séisme stratégique, car à part la France et le Royaume Uni qui disposent d’une force de dissuasion, tous les autres pays européens se sont placés sous le parapluie nucléaire américain depuis la guerre froide. L’idée d’une dissolution de l’Otan a été débattue après la chute du mur de Berlin, mais ce sont les Américains qui n’en voulaient pas, et, aujourd’hui, le contexte stratégique est différent.
 

Pour les États baltes ou la Pologne, qui redoutent une Russie plus agressive à leur porte, la fin de l’Otan signalerait un inquiétant vide stratégique. L’Europe n’est clairement pas en mesure aujourd’hui d’assurer le relais.
 

Paradoxalement, cette menace de retrait américain, que l’imprévisible Donald Trump peut déclencher à tout moment même si elle est à ce stade hypothétique, plaide pour une défense commune de l’Europe plus ambitieuse que les petits pas actuels. Au moment où l’Europe peine à s’entendre sur quoi que ce soit, il devrait y avoir là une bonne raison de se rapprocher.
 

La force de l’OTAN a toujours été son article 5, qui prévoit la solidarité automatique en cas d’attaque sur un État-membre. Les Européens en sont-ils capables sans les Américains ? C’est un véritable test existentiel.

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