

L’Europe fut le fil conducteur de la vie politique de l’ancien Président. Mais son nom est aussi attaché à l’échec du Traité constitutionnel européen issu de la Convention sur l’avenir de l’Europe qu’il avait présidée.
Comme Président, comme parlementaire aussi bien à Paris qu’à Strasbourg, et comme citoyen, Valery Giscard d’Estaing a cru toute sa vie, et a œuvré pour l’unité européenne. Il y a donc quelque chose d’injuste à ce que l’histoire retienne surtout l’échec du Traité Constitutionnel issu de la Convention sur l’avenir de l’Europe qu’il avait présidée en 2002 et 2003, avec le fiasco retentissant du référendum de 2005 en France.
Cette constitution avait été un compromis alambiqué entre la centaine de membres de cette Convention, et surtout entre les trois grands pays de ce qui était devenu l'Union européenne, l’Allemagne de Gerhard Schroeder, la France de Jacques Chirac, et le Royaume Uni de Tony Blair, chacun tirant dans une direction opposée.
Ce texte incarna un moment de refus d’avancer sans savoir où on allait. Il réunit une coalition hétéroclite de motivations contre lui, on se souvient du "non de gauche" de Laurent Fabius, l’actuel Président du Conseil Constitutionnel où il avait justement retrouvé VGE… Les uns le trouvaient trop technocratique, d’autres trop libéral ou trop fédéral. A l’arrivée, il y eut 55% de Français, dans le propre pays de Valery Giscard d’Estaing, à dire "Non".
Il est injuste de réduire VGE au seul Traité de 2005, car l’Europe est le fil rouge de toute son action
Sa promotion de l’ENA fut ainsi baptisée "Europe", en hommage à la naissance de la Communauté charbon et acier, la CECA, première pierre de la construction européenne.
Il avait, selon ses mots dans un discours de jeune député à l’Assemblée nationale, une "foi raisonnée" en l’Europe ; un choix de mots judicieux car la construction européenne relève tout à la fois d’une croyance, d’un espoir, surtout pour la génération qui a connu la Seconde guerre mondiale ; mais aussi la raison, comme on le voit dans un monde de rapports de force où il faut pouvoir peser.
C’était en 1957 lors du débat sur la ratification du Traité de Rome, Valéry Giscard d’Estaing exprimait à la tribune de l’Assemblée une double exigence toujours d’actualité, et qu’Emmanuel Macron pourrait faire sienne : il avait souhaité d’un côté "la construction d’une entité économique, et plus tard politique", à l’échelle du continent ; mais il affirmait aussi la vocation de la France à "penser, éclairer, et peut-être diriger cette construction continentale". Il s’y emploiera une fois parvenu à la tête de l’État.
Il faut mentionner ici son amitié réelle avec Helmut Schmidt, ministre allemand des finances quand VGE occupait la même fonction en France, puis devenu Chancelier fédéral trois jours avant que Valéry Giscard d’Estaing n’entre à l’Élysée. Après De Gaulle et Adenauer, VGE et Schmidt formèrent un "couple franco-allemand" -l’expression restera…- qui a permis à l’Europe d’avancer. On pense à ceux qui ont suivi, Mitterrand-Kohl, Chirac-Genscher, ou aujourd’hui, plus complexe, Macron-Merkel.
On doit notamment à cette coopérationla création du Système monétaire européen, préfiguration de l’euro ; ou encore l’élection du Parlement européen au suffrage universel, réforme majeure.
Au printemps dernier, en pleine pandémie, VGE signait encore un appel de personnalité européennes pour une Europe de la Santé. S’il est un sujet sur lequel il n’aura pas varié, c’est bien celui de l’Europe.
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