Yémen ou l'aveuglement stratégique saoudien

Yémen ou l'aveuglement stratégique saoudien
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La guerre au Yémen entre dans sa 4e année sans donner aucun signe d'apaisement. Et pour cause ! L'Arabie saoudite refuse de se considérer comme défaite alors qu'elle a été ridiculisée sur la terrain.

Une quarantaine d'enfants ont été fauchés au Yémen par une attaque aérienne saoudienne. C'était la semaine dernière et l'horreur de cette opération militaire parfaitement inutile a tout de même réussi à indigner le monde entier. Au point même que l'administration Trump, du bout des lèvres, a suggéré à l'Arabie saoudite de conduire une enquête

Requête aussitôt acceptée par les Saoudiens : bien sûr qu'une enquête interne sera diligentée, au plus vite ! Pendant ce temps, la guerre au Yémen entre dans sa 4e année et ne donne aucun signe d'apaisement, bien au contraire.

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Début juin, la coalition de bric et de broc conduite par les Saoudiens et les Emiratis promettait une issue toute proche : la mère de toute les batailles allait commencer. Il s'agissait de reprendre aux Houthis le port yéménite d'Hodeida.

Hodeida, le port qui permet aux Houthis de s'approvisionner en armes...

Et aux Yéménites de recevoir de l'aide humanitaire : c'est le seul port encore en lien avec le reste du monde ! C'est d'ailleurs pourquoi les ONG, mais aussi pas mal de pays occidentaux, dont la France, ont tenté de retenir l'Arabie saoudite de trop bombarder.

En fait, personne ne se fait plus d'illusion sur la capacité saoudienne à remporter cette guerre déclenchée en 2015 sur l'air de la « promenade de santé ». Après tout, battre des rebelles équipés de tromblons semblait à la portée de la richissime armée saoudienne.

En fait, les Houthis sont chez eux et déterminés et les Saoudiens font la guerre depuis le ciel, sans jamais mettre un pied sur le terrain. Le terrain, c'est pour les Soudanais ou même des mercenaires colombiens embauchés à grand frais pour faire le sale boulot.

Une catastrophe humanitaire...

Oui, parce que « monsieur mon prince », Mohamed ben Salman, 32 ans, prince héritier d'Arabie saoudite, qui tout seul a décidé de cette guerre scélérate, perd patience. Alors il frappe. Il bombarde. Il tapisse de bombes et... il n'obtient rien de plus, rien de mieux.

Revenons au port d'Hodeida. L'idée est donc d'attaquer ce port afin de priver les Houthis d'approvisionnement. On y est donc depuis début juin et... rien de plus, rien de mieux : les Saoudiens et les Emiratis sont encalminés et les Houthis s'approvisionnent.

On en est à ce point terrible où ceux qui ont commencé cette guerre à Ryad et à Abu Dhabi ont été tellement ridiculisé – militairement s'entend – qu'ils ne peuvent que remettre au pot, en espérant se refaire. Un peu comme des joueurs de casino avinés.

La famine menace au Yémen...

Au total, 22 millions de Yéménites ont besoin d'assistance alimentaire et 8 millions et demi d'entre eux sont, selon l'ONU, en danger immédiat de famine. Tout cela parce qu'un prince irascible voit l'Iran partout et refuse de perdre sa guéguerre personnelle.

L'Iran n'a même pas besoin d'en rajouter : l'incurie de l'armée saoudienne, l'obstination de Mohamed Ben Salman et l'aveuglement stratégique émirati sont en train de lui servir le Yémen sur un plateau d'argent, alors que Téhéran ne l'avait même pas demandé.

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