Il s'agit peut être l’un des secret les plus douloureux d’Israël. Le secret reste entier sur l' "affaire des bébés disparus", l’enlèvement de milliers d’enfants dans les années 50.
Il s'agit peut-être l’un des secrets les plus douloureux d’Israël. Cette "affaire des bébés disparus", l’enlèvement de milliers d’enfants à leurs parents dans les années 50, n'a toujours pas été éclaircie, près de 70 ans plus tard.
Le récit, glaçant, est presque toujours le même : un médecin ou une infirmière annonce à des parents dévastés que leur enfant est mort. Sauf qu'il n'en est rien. Ces bébés de familles séfarades, des juifs orientaux tout juste arrivés dans le jeune État d’israël depuis le Maghreb, l’Irak, le Yémen, auraient été ensuite confiés à des familles ashkénazes.
Des années plus tard, les familles des victimes cherchent toujours des réponses. Mais le temps presse. Les derniers témoins commencent à disparaître. Il faut organiser la bataille pour la mémoire et la justice avant qu'il ne soit trop tard.
Gil Grunbaum est l'une des victimes. Sur le mur de son appartement trône la photo d'un homme et d'une femme, la peau claire, les yeux bleus. Pendant 41 ans, Gil, avec sa peau mâte, a cru qu'il était le fils unique de ce couple de rescapés de l'Holocauste.
"Rencontrer ma mère a été incroyable"
Pour apaiser les questions de sa femme, qui s’étonne régulièrement de sa peau beaucoup plus brune, il écrit aux services d’adoption. "Pour qu’elle arrête avec cette histoire” dit-il.
Puis la nouvelle tombe : il est adopté. Un choc qui le tétanise. Il démissionne de son travail et, cinq mois durant, il reste chez lui sans savoir quoi faire. "Puis j’ai décidé que j’allais chercher ma famille. C’était comme reconstituer un gigantesque puzzle, ça nous a pris trois ans. Rencontrer ma mère a été incroyable. il y avait tellement d’émotions."
On lui a dit, après deux jours, que le bébé était mort. Ils sont rentrés à la maison, elle pleurait, et c’est tout.
La situation est inimaginable, comment tout un réseau d'enlèvement d'enfants aurait-il pu exister ? "Je restais convaincu que c’était impossible, qu’elle m’avait forcément abandonné" explique Gil, qui finit par croire sa mère biologique. "Je l’ai vraiment soumise à un interrogatoire poussé et elle a dit la vérité : on lui a dit, après deux jours, que le bébé était mort. Ils sont rentrés à la maison, elle pleurait, et c’est tout."
Gil n’a jamais dit à ses parents adoptifs qu’il avait retrouvé sa famille tunisienne.
Des milliers d'enfants déclarés morts
Comme lui, ils seraient des milliers à avoir été déclarés morts à des parents à qui on ne présente ni corps ni sépulture. Des parents meurtris dont certains reçoivent même, 18 ans plus tard, des lettres d’enrôlement pour l'armée au nom de l'enfant disparu.
Pourtant, "il ne s'est rien passé" ont conclu les trois commissions chargées d'enquêter sur l' "Affaire des bébés disparus". Alors il y a quatre ans, Shlomi Hatuka a fondé Amram, une association qui recueille et publie sur internet les témoignages de famille à la recherche d’un enfant. Aujourd'hui, un millier de témoignages sont recensés sur ce site.
"Nous avons un slogan qui dit 'La reconnaissance, d’abord. Puis la justice, et la guérison.' Et tout ce que nous faisons tend vers cet objectif de reconnaissance" raconte le fondateur de l'association. "C’est la première chose que le gouvernement israélien, la société israélienne, doit faire."
Tests génétiques
L'autre objectif de Amram, c'est de dénoncer le racisme très présent à l'intérieur de la communauté juive : "C’est pour ça que cette affaire angoisse tout le monde, parce que nous parlons d’une seule et même nation !"
L’association a remis l’affaire au premier plan en Israël et elle organise désormais des tests génétiques pour ceux qui le souhaitent. Un dernier espoir de retrouver l’enfant disparu.
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