Élus en souffrance : quatre mandats, trois agressions et un soutien psychologique

Philippe Baudrin, 61 ans, maire de Maing (Nord ) depuis 25 ans, en est à son quatrième mandat et sa troisième agression
Philippe Baudrin, 61 ans, maire de Maing (Nord ) depuis 25 ans, en est à son quatrième mandat et sa troisième agression ©Radio France - Cécilia Arbona
Philippe Baudrin, 61 ans, maire de Maing (Nord ) depuis 25 ans, en est à son quatrième mandat et sa troisième agression ©Radio France - Cécilia Arbona
Philippe Baudrin, 61 ans, maire de Maing (Nord ) depuis 25 ans, en est à son quatrième mandat et sa troisième agression ©Radio France - Cécilia Arbona
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361 élus ont été insultés ou frappés dans le cadre de leurs fonctions en 2018, phénomène en augmentation de 4% par rapport à 2017. Parmi eux, le maire de Maing (Nord), 25 ans, quatre mandats et trois agressions lors de sa carrière.

25 ans qu'il arpente de sa silhouette élancée les rues de Maing, commune de 4.000 habitants dans le Nord. 25 ans qu'il est maire de cette ville dont il connait si bien les commerces, les maisons en brique rouge, les familles, les anciens et les jeunes, les figures du village et les nouveaux arrivants.

Philippe Baudrin, 61 ans, n'a jamais pu choisir entre sa vocation d'enseignant et son engagement d'élu. Alors il exerce ces deux métiers depuis quatre mandats municipaux : il enseigne le matin l'Histoire-Géographie, et l'après-midi il est à la mairie. Enfin, l'élu le reconnait dans un sourire, sa fonction le conduit beaucoup à l'extérieur pour régler des problèmes, intervenir en réunion, défendre un projet communal et aussi faire respecter l'ordre public.

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Menacé avec une tronçonneuse

C'est d'ailleurs sa mission la plus périlleuse. Surtout depuis sa troisième agression, le 20 août dernier. L'élu a été appelé à l aide par une riveraine : des gens du voyage avaient pris possession d'un parc de la commune en découpant avec des outils de bricolage des plots en bois pour faire entrer leurs caravanes et camping cars. Lorsque le maire est arrivé, il s'est présenté comme à chaque fois et a demandé aux intrus de respecter le bien public.

Il n'a pas eu le temps d'en dire davantage. Il a reçu une gifle, a été roué de coups et a été menacé par un homme armé d'une tronçonneuse. Phlippe Baudrin a eu très peur et a trouvé les minutes interminables entre le moment où il a pu alerter la police municipale, et le moment où des agents sont venus lui porter secours.

L'agression du 20 août a affecté l'élu : il confie qu'il pleure, revit la scène, revoit l'image de cette tronçonneuse brandie comme une arme et mise en marche pour l'effrayer. Sur les conseils de son épouse, médecin généraliste, Phiippe Baudrin consulte une cellule d'aide psychologique et se fait aider par un professionnel. Il s en excuse presque : "C'est la première fois que je vois un psy et c'est pas facile. Il faut l'accepter mais c est sûr qu'il y a un après..."

Comme une douzaine d'autres élus agressés ces derniers mois, le maire de Maing racontera son quotidien au ministre chargé des collectivités, Sébastien Lecornu, qui a invité ce mardi une douzaine de maires victimes pour les entendre et les aider. Il exposera les risques toujours plus grands à administrer une commune, les reproches, les insultes et les agressions physiques... Il réclame désormais la mise en place d'un numéro d'appel d'urgence pour les élus dont la vie est en danger.

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