Alors que le candidat de la droite est à la traîne dans les sondages d'intentions de vote, ses soutiens préfèrent mettre d'autres chiffres en avant. Plus ou moins fiables...
Depuis plusieurs semaines, François Fillon talonne Marine Le Pen... dans les études de Filteris. Cette société canadienne analyse la popularité des candidats sur les réseaux sociaux, des enquêtes d'opinion d'un nouveau genre, dont il est encore difficile de mesurer la fiabilité.
Tout comme Gov, un autre système du même type, Filteris est un baromètre de l'opinion captée sur les réseaux sociaux. Favorables à François Fillon, les mesures de Filtéris sont donc constamment relayées par ses soutiens. Gauthier Guignard, responsable de la campagne digitale du candidat...
Ça nous est arrivé d'en relayer quelques-uns sur le compte de campagne, parce qu'on considère que ce sont des mesures fiables. Ce sont des photographies à l'instant T, mais elles sont intéressantes parce qu'elles mesurent le volume de messages qui sont véhiculés sur un candidat.
Filteris est une société canadienne crée par deux expatriés sarthois. Aucune proximité avec François Fillon, prévient son fondateur Jean-Christophe Coutard : Filteris est apolitique, et il précise bien que ce n'est pas un institut de sondage.
De manière vulgarisée, on va prendre une mesure de la visibilité de chacun des candidats, les uns par rapport aux autres, telle qu'elle s'exprime sur le web et les réseaux sociaux. Tout ce qui se dit, en bien ou en mal, des candidats est calculé, ce qui nous permet d'arriver à une mesure de poids numérique.
"Impossible de capter l'ironie, les références..."
Filteris avait prédit la victoire de Donald Trump et celle de François Fillon à la primaire de la droite. Des faits d'armes qui ne valident pas pour autant la fiabilité de ces mesures, selon Gaël Sliman, président de l'Institut de sondage Odoxa.
Les militants les plus actifs vont avoir un poids et une représentativité très importante sur ces réseaux sociaux, c'est pourquoi on voit François Fillon depuis très longtemps qualifié dans les mesures de Filteris. Ce qu'enregistrent les réseaux sociaux, ce sont des tendances intéressantes, mais ce n'est pas représentatif de ce que pensent l'ensemble des Français.
Autre limite de ce système : le fait qu'il soit trop "automatisé" et peu armé pour comprendre ce que veulent vraiment dire des électeurs humains, selon Nicolas Vanderbiest, chercheur en crise et réseaux sociaux à l’Université Catholique de Louvain.
C'est très difficile pour une machine d'évaluer positivement ou négativement une mention [d'un candidat]. Déjà, on a des textes courts. D'autre part, impossible de capter l'ironie. Enfin, impossible de capter les références culturelles ou autres qui sont faites par l'internaute. On peut avoir des écarts absolument énormes entre le positif et le négatif.
De son côté la commission des sondages rappelle que ces enquêtes numérique n'ont pas valeur de sondage aux yeux de la loi : mise en garde adressée aux médias qui seraient tentés de les publier comme de vrais sondages d'intentions de votes.
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