Plusieurs internautes avec un patronyme maghrébin ont décidé de saisir le Défenseur des droits, cet été, après les refus répétés de réservations qu'ils ont essuyé sur les plateformes de location de vacances entre particuliers comme Abritel, LeBonCoin ou Airbnb.
"J'ai voulu réserver sur Airbnb et Abritel, soit un appartement soit une maison à Marseille". Merwane est le premier à avoir donné l'alerte au début de l'été. Deux fois de suite le même scénario : la transaction est validée puis annulée, sans explication : "Deux ou trois jours après, sur cette même annonce, j'ai vu que les dates que j'avais voulu réserver étaient de nouveau disponibles. Il y avait un truc qui clochait et autour de moi me disait : 'c'est normal… tu as laissé ton nom et ton prénom…'. Du coup j'ai voulu en avoir le cœur net et j'ai demandé une amie de réserver à ma place, aux mêmes dates. Le propriétaire lui a répondu dans la demi-heure que c'était disponible. On se rend compte qu'en fait il y a de la discrimination."
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Un signalement qui a fait boule de neige.
Merwane décide de raconter sa mésaventure sur Twitter : "j'ai reçu des centaines de messages. Bien évidemment je ne fais pas une généralisation des propriétaires, mais il y a des tonnes de personnes à qui ça arrive chaque jour et qui m'ont raconté ce genre de situation."
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Parmi eux Madjid Messaoudène, par ailleurs en charge des questions d'égalité des chances à la mairie de Saint-Denis en région parisienne, deux expériences similaires à son actif. La pratique de demander à un ami au nom "bien français" de réserver est assez répandue, dit-il : "Evidemment que ça se fait de demander à un ami. Moi je refuse de le faire. Certaines personnes vont chercher des propriétaires qui ont un prénom à consonance étrangère en se disant : 'peut-être que lui il ne va pas me saquer'. Ça pousse les gens au repli, c'est pour ça que la saisine du défenseur des droits me paraît indispensable."
Sur Twitter, le Défenseur des droits Jacques Toubon confirme être en capacité d’effectuer ce type de testing.
Samuel Thomas est le président de la fédération des Maisons de Potes qui lutte contre les discriminations. Pour lui ce type de comportement, s'il est prouvé lors d'un véritable "testing", tombe clairement sous le coup de la loi : "Nous souhaitons nous saisir de ces dossiers pour en faire aboutir un certain nombre au tribunal. Le particulier lui encourt 45 000 euros d'amende et trois années de prison. L'auteur principal ça reste le propriétaire, mais celui qui sert d'intermédiaire, s'il est courant d'une telle pratique discriminatoire, et qu'il laisse faire, il est concerné comme complice."
Des plateformes qui comme Airbnb répondent qu'elles font déjà de la sensibilisation sur leurs sites à la question des préjugés. D’autres, comme Abritel, qu'aucune action judiciaire n'a jamais été engagées pour ce type de faits. Pas pour le moment en tout cas.
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