Télétravail, fermeture d’écoles lors du premier confinement, couvre-feux, vacances à la maison : depuis le début de la crise, vous vivez beaucoup plus de temps avec vos enfants… Avec à la clé des frictions, des disputes, des difficultés à imposer votre autorité. Comment exercer son autorité sans menaces ni punition ?
- Nina Bataille Coach et auteur de "Frère et sœur : de la rivalité à la complicité" (Ed. Larousse)
- Didier Pleux Psychologue
- Héloïse Junier Psychologue, journaliste et autrice.
Comment se faire obéir sans crier, sans répéter dix mille fois les mêmes consignes ? Comment s’imposer en douceur dans la forme, tout en restant ferme sur les principes ? Comment faire pour que les enfants écoutent un peu plus souvent ce que les adultes leurs disent, en fonction de leur âge ou de leur besoin naturel de s’affirmer ? Comment savoir s’il s’agit d’un caprice ou pas ?
Pour en parler Ali Rebeihi reçoit :
- Nina Bataille, coach professionnel certifiée, spécialisée en neurosciences. Conférencière pour A-Speakers. Elle est également formée en communication non-violente. Son dernier livre Je me fais obéir sans crier – des clés pour comprendre votre enfant, des conseils pratiques, des cartes d’activités ciblées est paru aux éditions Larousse le 24 mars 2021 dernier.
- Didier Pleux, docteur en psychologie du développement, psychologue clinicien, psychothérapeute. Son dernier livre Comment échapper à la dictature du cerveau reptilien paraît ce jour-même aux éditions Odile Jacob.
- Héloïse Junier, psychologue, journaliste et autrice. Actuellement en fin de thèse de doctorat sur les émotions du très jeune enfant à l’Université de Paris Descartes (Paris 5). Son dernier livre « Ma vie de bébé : de 0 à 3 ans, les mystères de son petit cerveau en développement », est paru aux éditions Dunod le 7 avril dernier et Le Manuel de survie des parents : des clés pour affronter toutes les situations de 0 à 6 ans , aux InterEditions en septembre 2019.
Retrouvez ci-dessous des extraits de l'émission
L'enfant n'est pas en mesure d'obéir naturellement à tout quand il est tout petit, c'est normal
Le cerveau du petit enfant est encore très immature et il faut bien le comprendre pour trouver des solutions. Il est plus difficile de contrôler ses émotions et ses actions à cet âge-là, explique Nina Bataille : "C'est quasiment impossible avant deux ans. On a tendance à penser que ce sont des adultes en miniature alors que ce n'est absolument pas le cas. C'est aux adultes de gérer et de mettre des limites"
Héloïse Junier renchérit : "Le cerveau finit sa maturation dès l'âge de 30 ans, c'est énorme. Alors, de 2 à 10 ans, il est encore loin de sa maturation finie. Tout se joue au niveau de la régulation des émotions, au niveau du sens de la moralité, de tout ce qui relève de la distinction entre le bon et le mal, du sens de l'auto-contrôle. Le cerveau des tous petits manque beaucoup d'inhibition, ce qui fait qu'ils sont plus sujets à leurs impulsions. C'est difficile de les raisonner".
Il ne faut pas les prendre comme des adultes miniatures. Ils ont vraiment un fonctionnement à part entière par rapport aux adultes, de par leur cerveau immature
C'est aux adultes de s'auto-contrôler et de montrer le modèle
Nina Bataille : "Un adulte et un enfant qui sont en colère, c'est comme si elles se parlaient dos à dos. Il faut bien qu'il y en ait un qui se retourne le premier. Celui qui peut se retourner le premier, c'est l'adulte. Il faut toujours gérer votre colère en premier, la faire redescendre avant de pouvoir la gérer pour votre enfant".
L'apprentissage de l'équilibre entre plaisir et contrainte
Didier Pleux : "Il y a une exigence naturelle du plaisir chez l'enfant. C'est le rôle du parent d'être présent pour lui apprendre à réguler ses émotions et ses principes de plaisir".
Nina Bataille : "C'est parce que vous allez leur inculquer le sens de l'effort et de la persévérance que vous allez établir des connexions pour retarder son plaisir immédiat pour un plaisir plus grand sur le long terme. Si on ne le fait pas suffisamment tôt, on risque de forger des adultes qui risquent d'être soumis plus tard à leur bon plaisir et qui risquent de ne pas être très stables".
Il est important de donner un cadre, montrer l'importance des règles pour qu'il ou elle soit capable de faire des choses très créatives, très belles, par la suite.
De l'importance de toujours fixer un cadre précis
Héloïse Junier : "Il y a souvent une confusion entre l'éducation permissive, quand les parents sont trop à l'écoute des envies de l'enfant mais avec très peu de cadre ; puis l'éducation démocratique où les parents sont à l'écoute des besoins de l'enfant, avec un cadre respecté.
La parentalité positive, ce n'est pas de ne pas avoir de cadre du tout mais au contraire de satisfaire les besoins fondamentaux de l'enfant en appliquant un cadre de manière juste et non-violente.
Il est intéressant de pouvoir expliquer ces situations à l'enfant, de pouvoir mobiliser ses compétences cognitives. Cela permet aussi à l'enfant de mobiliser des compétences cognitives, de faire preuve de créativité, de mobiliser son intelligence, son auto-contrôle, cultiver le juste compromis entre le parent et l'enfant".
Le compromis : être à la fois ferme et bienveillant
Il est important de rester à égale distance de l'autoritarisme et du laxisme : "La réponse est à trouver dans la recherche d'équilibre" souligne Nina Bataille. "S'il y a trop d'autoritarisme, l'enfant risque peut-être de devenir trop soumis ou bien trop rebelle par le futur, selon son tempérament. S'il y a trop de laxisme, au contraire, il va se sentir perdu, il va se mettre en danger.
L'éducation est comme une espèce de balance à trouver entre écoute et règle. De plus, l'obéissance n'est pas non plus la soumission, au risque que l'éducation se transforme en autoritarisme. Obéir, c'est simplement suivre des règles
Didier Pleux : "Obéir, c'est tenir compte d'une réalité qui n'est pas forcément la sienne, accepter les contraintes".
Adopter la méthode de la contrainte ludique
Nina Bataille : "Dès qu'il y a du ludique, c'est tout de suite plus sympa à accepter. Si l'enfant reste acteur dans la contrainte qu'on lui impose, il va s'approprier plus facilement les choses, il aura envie de grandir et de respecter certaines règles qu'on pourrait lui imposer".
Quels conseils quand un enfant est en pleine crise de nerfs ?
Dans ces moments-là, Nina Bataille et Héloïse Junier expliquent qu'ils sont soumis à leur plaisir immédiat. Un enfant qui fait des crises est un enfant tout à fait normal :
- Il faut le prendre dans vos bras pour le contenir. Il va se calmer petit à petit car cela va favoriser l'hormone de l'attachement car c'est un véritable anxiolytique naturel. Parler avec tendresse et empathie, cela baisse le niveau de stress du parent et de l'enfant
- Puis enchainer, en pratiquant l'écoute, avec un petit peu d'explication
- Se dire que c'est un mauvais moment à passer et que l'enfant va forcément finir par se calmer afin de pouvoir en reparler avec lui tranquillement
- Se mettre à l'écart du groupe social aide à apaiser la colère"
▶︎ La suite à écouter…
Programmation musicale
- 10h29
Shout (U.S. sigle version) TEARS FOR FEARSShout (U.S. sigle version) - 10h47
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