Pourquoi aimons-nous les baisers

Comment la rencontre de deux anatomies, pas forcément ragoutante, langue, salive, dents, devient la fusion de deux âmes qui se désirent, en produisant de puissantes  sensations de plaisir ? 

Nul n’a jamais eu envie d’embrasser fougueusement une personne que l’on déteste. Sauf peut-être au théâtre et au cinéma. 

Qu'en est-il de la bise amicale ?

La bise, le baiser en général est-il en voie de disparition avec les gestes barrières imposés par la crise sanitaire ?

Retrouvez ci-dessous des extraits de l'émission

Une définition du baiser

Belinda Cannone : "C'est un moyen prodigieux de pénétrer le corps et l'âme de l'autre. Le baiser amoureux, c'est le plus beau geste du désir car on embrasse jamais quelqu'un qu'on n'aime pas ou pour lequel on n'a pas un sentiment". 

C'est un geste qui ne s'accompagne nécessairement que de sentiments

Un moment enchanté où on crée un petit univers à deux pour deux, où on est complètement coupé du monde et où le temps est suspendu, c'est vraiment une bulle".

Jérôme Attal : "C'est l'entame et le tout, l'aperçu et la totalité, le départ de tout, la conclusion de rien. 

Le baiser dit que l'autre compte plus que tout dans l'instant

C'est une trappe dans l'espace temps. C'est aussi un acte magique avec l'autre". 

La bise n'est pas universelle

Alexandre Lacroix : "Contrairement à une légende, il n'est pas du tout universel. Il n'a pas du tout existé dans toutes les cultures, ou pas de la même manière. L'espèce humaine n'a pas besoin de s'embrasser pour survivre et si on le fait, c'est purement gratuit. C'est d'un autre ordre culturel sentimental. C'est un acte complexe. Toute l'Afrique subsaharienne ou même l'Océanie, avant les contacts avec le monde extérieur, ce sont des lieux où on n'embrasse pas sur la bouche. 

On peut le faire dans le cadre de la relation sexuelle ou des préliminaires, mais on ne le fait pas du tout avec le sens Occidental. La mondialisation du baiser, comme celle de la pizza, au XXe siècle, est liée à un phénomène très précis : le cinéma hollywoodien". 

Une vie sans "le baiser" ? Impossible…

J-C K : "Une vie sans aucun type de baiser est très difficile et ce dès l'enfance. Le bébé a besoin du contact, du toucher, de la caresse, du baiser. Et au très grand âge aussi. Dans toutes les situations de fragilité, de montées émotionnelles positives, on a besoin de s'embrasser". 

Comment communiquer autrement l'émotion qu'en s'étreignant ? Une vie sans embrasser, c'est une vie de sécheresse

Quand sexualité et bisous ne vont pas forcément de pair 

J-C K : Le baiser, ce n'est pas que le désir ou que le plaisir, il y a une dimension sentimentale dans l'élan qui porte vers l'autre. C'est la particularité du baiser. On assiste d'ailleurs actuellement à une marginalisation, une rétrogradation du baiser dans l'ordre de la sexualité. 

Dans le cadre des pratiques sexuelles, le baiser sur la bouche ne compte presque plus

BC : "On peut faire l'amour sans s'aimer. Mais c'est l'amour qui fait le baiser amoureux. Le baiser a vraiment vocation à exprimer l'amour, il naît de l'amour réciproque". 

Le baiser est toujours égalitaire

BC : "Alors qu'en général, dans la sexualité, du fait des corps et des habitudes culturelles, nous n'avons pas des pratiques symétriques. Le baiser, c'est le seul moment où vous ne pouvez pas savoir qui embrasse l'autre. Le baiser est le seul geste de l'amour qui soit absolument égal et qui ne soit pas genré. Contrairement aux représentations".

► La suite à écouter…

Avec

• Jean-Claude Kaufmann : Sociologue spécialiste du couple

Livre : Ce qu’Embrasser veut dire – Raisons, Sexe et Sentiments. Payot octobre 21.  

• Alexandre Lacroix :    Directeur de la rédaction de Philosophie Magazine. 

Livre : Contribution à la théorie du baiser. Autrement, août 11.  

• Belinda Cannone : Romancière et essayiste. 

Livre : Petit Eloge de l’Embrassement. Folio, septembre 21

• Jérôme Attal : écrivain et parolier 

Livre : Petit Eloge du Baiser. Les Pérégrines, Octobre 21