Le bruit peut-il nous rendre malades ?

Circulation routière, trafic aérien, voisinage bruyant, appareils ménagers, sonneries et bips de téléphone, sirène de police ou d’ambulances, usage intensif de nos écouteurs. Notre environnement sonore dépasse très souvent les seuils admis par l’Organisation Mondiale de la Santé. Chaque année en Europe, environ 10 000 décès prématurés seraient liés à la pollution sonore.

Cette pollution sonore stresse notre organisme de façon chronique et affecte aussi le bon fonctionnement de notre cerveau. Le bruit empêche notre encéphale de bien se régénérer. Vous verrez ce matin qu’il est absolument essentiel de recouvrer des plages de silence pour lui permettre de mieux fonctionner.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, les adolescents et les jeunes adultes sont massivement menacés de surdité précoce. Environ un milliard de jeunes et d'ados seraient concernés, alors qu'en règle générale, les premiers signes de surdité interviennent naturellement vers l'âge de 60-65 ans…

Vous comprendrez pourquoi le silence est d’or et que ces trésors sont à portée de main.

L'Organisation mondiale de la santé place la pollution sonore au deuxième rang des facteurs de risque pour l'environnement, juste derrière la pollution atmosphérique.

on peut prendre des coups de son comme on prend des coups de soleil et votre oreille va vieillir plus précocément

- Jean-Luc Puel

Écouter de la musique tous les jours, oui, mais pas trop fort et pas trop longtemps

- Emmanuel Thibier

Le stress sonore nuit à notre santé

Des études européennes ont montré que les personnes exposées à des nuisances sonores chroniques de plus de 50 décibels connaissaient davantage de cas d'hypertension d'AVC ou de crises cardiaques, toute une cascade de risques cardiovasculaires qui se déclenche avec cette régularité due au bruit. On dénombre environ chaque année 10.000 décès prématurés en Europe liés au bruit et au stress qu'il provoque…

Jean-Luc Puel : "Si notre cerveau a la capacité de filtrer les sons non pertinents, et qu'au départ, le bruit, au niveau physiologique, c'est une alarme chargée d'éveiller la conscience, le bruit reste toujours un excitant qui va agir sur l'organisme en mettant en branle tout le système du stress.

D'ailleurs, les décès prématurés sont liés au stress. A court et moyen terme, le bruit peut provoquer des maladies cardio vasculaires (hypertension, AVC et infarctus, etc)".

Quel est l'impact du bruit sur notre concentration ?

Sébastien Bohler : "Tout dépend de la sensibilité individuelle. Des personnes ont des seuils de sensibilité émotionnelle plus élevée que d'autres et qui vont être plus perturbées. On n'a pas tous la même capacité cognitive de mobilisation de ses fonctions exécutives. Il y a des ressources d'énergie, des ressources de concentration qui vont s'épuiser plus ou moins vite d'une personne à l'autre".

Ceux qui vont avoir des seuils de sensibilité émotionnelle et sensorielle plus élevés doivent se ménager

Charles Wright : "La nouveauté de la situation contemporaine, c'est la connexion permanente, l'espèce d'encombrement mental, l'incessant flux d'images… Le bruit n'est pas que sonore, il peut être visuel. On baigne dans un encombrement mental incessant".

Les vertus du silence doivent continuer à résonner en vous

Charles Wright : "C'est un état de calme, d'attention, de transparence, une certaine qualité de présence à soi, aux autres et au monde.

Paradoxalement, le silence parle quand on se tait. Il y a quelque chose qui résonne. Ce n'est pas du vide, il permet la communion avec les autres et surtout avec la nature. D'ailleurs, notre société est tellement ancrée dans le bruit visuel que le silence fait peur parce que c'est le lieu de la confrontation avec l'essentiel, avec soi-même, avec sa propre ménagerie intérieure".

Le silence est un médicament qui nous permet d'accéder à nos ressources intérieures les plus profondes.

Sébastien Bohler : "Il est essentiel de se réapproprier le silence car il réactive nos vagabondages mentaux".

Avec

• Sébastien Bohler, rédacteur en chef de la revue Cerveau & Psycho.
• Charles Wright, journaliste et auteur, il a entrepris un périple en solitaire dans la Creuse afin de mieux revenir à l’essentiel par le vide et le silence. Son livre fut lauréat 2021 des prix littéraire Europe 1 – GMF et Liberté Intérieure. Auteur de Le Chemin des Estives (Flammarion, 2021).
• Jean-Luc Puel, chef d’équipe à l’INSERM et chercheur en neurosciences. Enseignant à l’université de Montpellier.
• Emmanuel Thibier, acousticien à l'ADEME et coordinateur technique en urbanisme.
• Baptiste Beaulieu, médecin et romancier. Chronique Alors voilà.