Pourquoi aussi peu de prévention sur le diabète et le prédiabète ?

Le diabète, pourquoi tout le monde s'en fiche ?
Le diabète, pourquoi tout le monde s'en fiche ? ©Getty - Towfiqu Barbhuiya / EyeEm
Le diabète, pourquoi tout le monde s'en fiche ? ©Getty - Towfiqu Barbhuiya / EyeEm
Le diabète, pourquoi tout le monde s'en fiche ? ©Getty - Towfiqu Barbhuiya / EyeEm
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Quelles sont les différences entre le prédiabète, le diabète de type 1 et le diabète de type 2 ? Comment les prévenir ?

On ne voudrait pas vous miner le moral en ce début de semaine, mais vous souffrez peut-être d’un diabète de type 2 ou d’un prédiabète sans le savoir. Le diabète, ce tueur silencieux qui avance insidieusement et qui touche de plus en plus de personnes. C’est aujourd’hui une maladie qui frappe plus de 530 millions d’individus dans le monde.

Dans notre pays, le diabète progresse de 4,5 % par an. Avec en 2021, 4 millions et demi de personnes touchées. Et un nombre croissant de personnes qui vivent avec cette pathologie sans le savoir. 1 adulte sur 10 pourrait être touché à l’horizon 2045…
Dans ces conditions, comment expliquer une prévention aussi faible ? Comment expliquer le nombre croissant de malades ? Comment détecter au plus tôt les différents types de diabètes ? Quels sont les facteurs de risques ?

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Nous verrons si le diabète de type 2 est vraiment une maladie chronique irréversible.
Quels sont les traitements prometteurs ? Et puis une question d’actualité : comment expliquer les pénuries d’insuline ou de glucomètre dans les pharmacies ?

Éléments de réponse avec nos experts.

Diabète de type 1

Le docteur Claude Colas, médecin endocrinologue, explique : "Le diabète de type un, c'est celui qui arrive quasiment du jour au lendemain parce que l'insuline est absolument défaillante et que le patient a besoin de quatre injections d'insuline par jour, d'un équipement à base de capteurs, aujourd'hui, qui permet de surveiller sa glycémie."

C'est une maladie auto-immune. Alban Orsini, journaliste et diabétique de type 1, raconte de quelle manière il a compris qu'il était atteint : "Ça arrive concrètement du jour au lendemain. En l'espace de deux mois, j'ai perdu énormément de poids. Je buvais énormément d'eau. "L'hyperglycémie peut s'installer de façon très insidieuse, avec des signes très visibles de nausées, une certaine irritabilité, la faim, des urines abondantes.

Ce type de diabète touche aussi les enfants, et il faut s'inquiéter s'ils boivent beaucoup et ne prennent pas de poids. C'est une urgence, et il faut consulter.

C'est une maladie chronique. On arrive à avoir une espérance de vie normale, avec tout de même des difficultés quotidiennes et une grosse charge mentale.

Il ne faut pas confondre le diabète de type 1 avec le diabète de type 2, qui est très différents. Le diabétique de type 1, c'est à peu près 10 % de l'ensemble des diabètes. Actuellement, le nombre de diabétiques de type 1 explose.

Diabète de type 2

Claude Colas explique ce qu'est le diabète de type 2 : "C'est un patient qui commence sa maladie de manière extrêmement progressive et dont la maladie, finalement dépourvue de symptômes, va pouvoir se manifester parfois par des complications. Ce patient diabétiques de type 2, il a encore de l'insuline, mais son insuline est paresseuse. On va dire qu'elle a du mal à être sécrétée au moment où le patient va manger des glucides, peut-être en trop grandes quantités. Et ce patient-là ne sait pas forcément qu'il est diabétique." Il peut découvrir sa maladie à l'occasion de complications oculaires, cardiaques...

Les complications vont arriver après possiblement vingt ans de diabète. Reginald Allouche, médecin, explique que c'est une maladie vicieuse, car pendant 10-15 ans, les gens ne souffrent pas, parce qu'il n'y a aucun symptôme : "Il faut savoir que le diabète est précédé par une phase qui est longue, qui s'appelle le pré-diabète, souvent avec une participation d'une pathologie du foie comme la NASH, ce qu'on appelle le foie gras. Et tout ça s'installe de façon très silencieuse aux dépens du patient."

Le docteur Allouche ajoute : "Si on peut déjà reculer la date d'arrivée, on va gagner sur les complications. Ça, c'est extrêmement important à comprendre. Et pour ça, il faudrait juste faire une fois par an, dans les familles à risques, une hémoglobine glyquée et une glycémie à jeun. Et particulièrement aussi pour les femmes enceintes qui ont fait un diabète gestationnel."

Le docteur Allouche tient à préciser que ce n'est pas la maladie du "mâle bedonnant de plus de 50 ans" mais ça touche aussi des jeunes autour de 25-30 ans. Si on a un parent diabétique, on va avoir 50 ou 70 % de risques d'être diabétique.

Quelques conseils pour prévenir le diabète de type 2

Dans le diabète de type 2, surtout si c'est dépisté très en amont au stade de prédiabète, on peut avoir une réversibilité des choses, selon le Gérald Kierzek, médecin urgentiste. C'est peut-être la grosse différence entre le type 1 et le type 2. Pour le diabète de type 2, c'est une évolution silencieuse sur des années, pour ne pas dire plus de deux décennies, sur laquelle on peut agir.

Il y aurait 1 milliard de prédiabétiques dans le monde. En Chine, c'est un adulte sur deux. Aux États-Unis, un adulte sur trois. Les invités déplorent le manque de prévention à ce sujet.

Des mesures hygiéno-diététiques sont nécessaires. Reginald Allouche : "Je voudrais insister sur le fait que selon des études qui ont porté sur des centaines de milliers de gens, de personnes, si vous pratiquez 150 minutes d'exercice par semaine et si vous perdez 5 % à 7 % de votre poids, vous diminuez les risques de diabète de plus de 50 %, c'est énorme."

  • L'alimentation

Un nouvel équilibre alimentaire permettrait de stopper le développement du diabète. Il faut éviter les aliments ultra-transformés. Pour Reginald Allouche, il faut arrêter de se faire livrer des plats, qui sont plus sucrés, plus gras, et prendre le temps de cuisiner. Il faut aussi avoir une relation distanciée avec le sucre, sous toutes ses formes.

Il ajoute des petits conseils : ne pas trop cuire ses pâtes, et manger les pommes de terre cuites refroidies, avec un indice glycémique plus bas. Pour tous les féculents, que ce soit les pâtes, les pommes de terre, ou le riz, il y a ce qu'on appelle la rétrogradation des amidons. "C'est-à-dire que si vous les avez cuits, vous les mettez une nuit dans le frigo. Le lendemain, l'index glycémique, c'est-à-dire la charge que va apporter ce sucre sur votre organisme, va être inférieure."

Claude Colas conseille de choisir son pain plus noir, plutôt qu'une baguette blanche. Elle ajoute que l'on peut acidifier ses repas, avec du citron ou du vinaigre.

  • Faire de l'exercice
  • Ne pas se culpabiliser

Reginald Allouche précise qu'il ne faut pas non plus tout mettre sur les épaules des gens : "Il ne faut pas culpabiliser les patients, ils n'y sont pour rien et il faut arrêter d'avoir cette espèce d'image. C'est la même chose pour l'obésité. Si t'es gros, ou grosse, c'est parce que tu manges. Ce n'est pas comme ça que ça marche. Nous avons une génétique et parfois, nous sommes victimes de cette génétique."

🎧 Pour en savoir plus, écoutez l'émission...

Une émission en partenariat avec le site Doctissimo…

Invités :

- Dr Réginald Allouche : Médecin, ingénieur biomédical et chercheur dans le domaine de la prévention du diabète et du surpoids. Membre du comité scientifique de « Santé Magazine ». Livres : « La Méthode hépato-détox (édition 2022) - Mincir durablement et sans danger grâce au foie », Albin Michel, 14 septembre 2022. « La Nouvelle Méthode anti-diabète - Comment limiter ou stopper les risques », Flammarion, 1er juin 2022. « Le Plaisir du sucre au risque du prédiabète », Odile Jacob, Octobre 2013.

- Alban Orsini : Community Manager pour un institut de recherche, critique de théâtre et auteur. Responsable de la communication digitale pour l’Institut du Cerveau. Rédacteur/Responsable rubrique Art/Community Manager du webzine « Culturopoing ». Livre : « Merci pour ce diabète - Journal scientifique et humoristique d'un diabétique », Hugo Poche, 10 novembre 2022.

- Dr Gérald Kierzek : Médecin urgentiste anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) depuis plus de vingt ans. Directeur médical du site leader « Doctissimo » depuis Septembre 2020. Chroniqueur et éditorialiste médical sur « Télématin » et « Bel & Bien » (France 2) depuis août 2022. Livres : « Votre santé dans le monde d'après - Préparez-la aujourd'hui ! », Editions du Rocher, 16 février 2022. « Ayez les bons réflexes », Fayard, Novembre 2016. « 101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences », Points (en poche), 2015.

- Dr Claude Colas : Médecin endocrinologue, nutritionniste, diabétologue et médecin consultant en diabétologie à l’Hôtel-Dieu à Paris. Vice-présidente du « Syndicat national représentant les médecins spécialistes en Endocrinologie, Diabétologie, Maladies Métaboliques et Nutrition » (SEDMEN).

Et la chronique de Thierry Lhermitte, parrain de la FRM

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