Comment s’empêcher d’être toxique avec les autres ?

Une relation toxique, c’est un lien qui dysfonctionne et qui produit des émotions désagréables, une sensation de malaise. Nous avons tous connus des personnes toxiques autour de nous.

Cet ami qui se complaît dans le rôle de victime et qui refuse constamment que vous l’aidiez. Ce beau-père qui ne manque pas une occasion de vous dénigrer plus ou moins subtilement. Ce conjoint qui se complait à vous rabaisser sous couvert d’humour. Ce collègue de travail tout miel devant vous et qui ne cesse de vous casser du sucre sur le dos.

L’enfer, c’est évidemment les autres. Et si la personne toxique, c’était nous ? Comment repérer les signes de sa propre toxicité ? Comment s’empêcher de nuire ?

Et comment réagir face une personnalité toxique ?

Extraits de l'entretien

Aurélia Schneider : "Notre personnalité est constituée d'une sorte de mosaïque de traits de personnalité. Quand la mosaïque va bien, elle est équilibrée. On trouve un petit peu de méfiance, un petit peu d'anxiété, un peu d'extraversion, etc. Le problème apparait lorsqu’un des traits envahit toutes les pièces du puzzle.

À ce moment-là, la personnalité est toxique parce qu’il y a une surenchère, par exemple, de méfiance ou d'extraversion. Une facette qui envahit le tableau. La personnalité devient toxique pour les autres : ils ne peuvent plus faire face à cette demande extrême ou à cette méfiance trop importante. C'est une question de proportions. On dit souvent : le toxique, c'est l'autre. C'est très rare de le reconnaître, mais on est soi-même potentiellement toxique".

Christine Berrou : "Elle joue sur la culpabilisation, la manipulation, la violence psychique, la jalousie, l'envie, les critiques permanentes. Ce sont de bons stratèges. C’est leur instinct de survie qui les pousse pour gagner une bataille, alors qu’il n’y en avait même pas".

Sophie Cadalen : "La personne toxique nous envahit toujours quelle que soit la façon, quel que soit le ressort, quel que soit le territoire qu'elle grignote, il y a toujours l'envahissement".

Pourquoi faut-il s’interroger sur sa propre toxicité et en sortir ?

Christine Berrou : "Quand on est dans la toxicité, on attire la toxicité. Les personnes toxiques se reconnaissent entre eux, aiment bien se rencontrer, et créer plus de chaos. J'ai eu affaire à des gens dont je me serais bien passée, mais j'étais responsable de ces rencontres et de rester dans ces relations". 

À un moment donné, il faut sortir de cette spirale, ça peut sauver une vie.

Aurélia Schneider : "Souvent c’est un raisonnement juste vis-à-vis d’autrui mais sur une base fausse. Il faut prendre de conscience de cela".

Comment savoir si on est toxique ?

Sophie Cadalen : "Ce discours 'Je suis nulle, et du coup, je me crois au-dessus de tout le monde' devrait être la petite alerte. L’évaluation de soi-même est un peu stérile, elle nous emmène vers des sous-évaluations ou des surévaluations".

Christine Berrou : "On est tellement persuadé qu'on ne sera pas aimé pour ce qu'on est que l’on va mentir. On va grossir le trait. Je présentais mes médailles plutôt que de montrer ce que j'avais vraiment à l'intérieur. Pourtant, c'est ce que les gens auraient préféré voir de moi.

J’ai réalisé que j’avais vécu dans un milieu toxique lorsque je suis devenue mère. J’ai réalisé qu’on ne pouvait pas dire à son enfant ce que l’on m’avait dit enfant".

Identifier l’origine

Christine Berrou : "Pour ma part, j’étais devenue 'toxique' après avoir parlé, dans ma famille, d'une agression. Elle n’en a pas tenu compte et a continué à fréquenter mon agresseur. Je me suis convaincue que je devais être solide, toujours sur la défensive et aux aguets du mal qu'on pouvait me faire. J’oscillais entre impression d’être une moins que rien, et l’impression d’être mieux que tout le monde. Quand je rencontrais des gens, j’avais tendance, sans même le formuler à me créer des scénarios un peu alambiqués pour pouvoir créer du chaos".

Comment changer et éviter les personnes toxiques ?

• Clarifier le contenu du discours

Aurélia Schneider : "Les toxiques nous font douter, ce qui amène la culpabilité et pousse à la rumination : 'Mais est ce que finalement, j'ai bien fait ?', 'Est-ce que finalement, ce n'est pas moi la toxique ?' D’où la nécessité de clarifier le contenu des propos du toxique".

• Faire le choix de la gentillesse, ce n’est pas de la faiblesse

Christine Berrou : "J’avais peur d’être. J'avais peur d'être gentille parce que j'avais peur de l’être trop et que tout le monde me tombe dessus et me trahissent".

• Couper les relations

Christine Berrou : "Dans mon livre, je fais un éloge de la fuite, même poliment, c’est un cadeau pour l’autre".

• Refuser le masochisme : Pourquoi fréquenter des gens qui vous disent qu’on prend trop de place ?
• Accepter qu’il faille parfois se forcer un peu pour sortir des schémas
• Y aller par palier…

La suite est à écouter….

Avec :

Christine Berrou, auteure, humoriste et comédienne. Chroniqueuse sur France 2 et Téva. Auteure de "Le jour où j’ai réalisé que la personne toxique, c’était moi" (First, septembre 2021).

Aurélia Schneider, psychiatre française, spécialisée dans les thérapies comportementales et cognitives et auteure d'un essai sur la charge mentale, "La Charge mentale des femmes et celle des hommes" (Larousse, février 2018).

Sophie Cadalen, psychanalyste, spécialiste du couple, des relations amoureuses et des comportements sexuels.

La chronique Choses "presque" vues d’Eric Libiot

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