Qu'est-ce qu'un bon parent ? Avec le succès de l’éducation bienveillante, chacun.e espère l'harmonie totale avec ses enfants, avec en ligne de mire des jours heureux qui ressembleraient aux pages d’un catalogue. Mais cette quête de perfection est-elle viable ? Est-elle seulement souhaitable ?
- Claude Martin Sociologue de l'éducation
- Patrick Ben Soussan Pédopsychiatre
- Isabelle Filliozat Psychothérapeute et auteure
- Gwénaëlle Boulet Rédactrice en chef et chroniqueuse
Etre de bons parents, bien élever ses enfants, tenir ses enfants, faire son métier de parent... Tant d'expressions en forme d'injonctions pour les parents. Soucieux de bien faire, les papas les mamans tentent de faire au mieux, d'autant plus avec le miroir des réseaux sociaux, D'autant plus sous le regard de la famille ou des proches, approbateur ou non, peut-être imaginé à coup sûr source de comparaison. D'autant plus avec le succès grandissant de l'éducation bienveillante qui nous promet une merveilleuse harmonie familiale.
Alors arrivent la pression et la nécessité de réussir, arriver là où d'autres naviguent sans encombre à en croire leur épanouissement affiché. Spoiler sans surprise : s'imposer cette quête n'est bon pour personne, ni le parent ni l'enfant.
Le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan écrit sur l'imperfection de la parentalité, son ouvrage va à l'encontre de "la nécessité de plus en plus affirmée aujourd'hui de devoir réussir sa parentalité", à laquelle s'ajoute à ses yeux celle "de devoir réussir sa vie d'enfant".
Une parentalité modèle ?
Alors que faire ? Tout d'abord ne pas transformer la parentalité en un sommet impossible à atteindre, avancer au mieux sans chercher à se fier au sommaire du guide du parfait parent car il n'existe pas. Patrick Ben Soussan écrit : "si vous adhérez aux idéaux de la parentalité positive, c'est raté". Pour lui "l'imperfection est nécessaire et utile à la parentalité". Ce à quoi Gwénaëlle Boulet ajoute que "le champ éducatif est soumis au regard social". Double peine.
Peut-être faudrait-il alors commencer par se rassurer. Pour cela, faisons un bond vers l'adolescence. Gwénaëlle Boulet rapporte de ses expériences de rédactrices de magazines pour enfants, des témoignages de jeunes ado qui répondent à la question du parent idéal "En gros à un détail prêt, leurs parents".
Il ne faut pas pour autant se laisser porter par le vent, sans non plus tomber dans la quête impossible des cases à cocher de la méthode modèle, plan parfait pour alimenter la pression voire le sentiment d'échec et sa lignée d'émotions peu motivantes.
Quoiqu'il en soit, si pour la majorité des enfants le parent idéal reste les leurs, rien n'est perdu.
Revenons à la petite enfance. Le sociologue Claude Martin explique l'injonction du "bon parent" par le flot d'informations nouvelles sur les tout-petits et par l'intensification d'édiction de guides. Les progrès des études en neuroscience ont permis de mieux comprendre les mécanismes de la petite enfance, en revanche l'usage qui en est fait apporte de l'anxiété. La société via des observateurs, des intéressés ou des politiques transforment la notion de fenêtre optimum pour l'apprentissage chez les moins de 3 ans en "moment critique au-delà duquel (...) vous aurez compromis l'avenir de votre enfant" si vous ne le mettez pas à profit.
Comme à l'école, posons une équation : parents soucieux de bien faire + sentiment normal de ne jamais assez bien faire + réception de consignes = augmentation de la pression.
Baissez la pression, l'affaire est collective
Affirmer qu'il faut baisser la pression n'est pas aveu de faiblesse ou d'échec mais bien un signe positif envers les pères et mères.
Etre parent n'est pas inné, on le devient, c'est un apprentissage. Il ne faut pas pour autant créer de "déterminisme parental" pour Claude Martin. Il s'oppose à l'idée de "tout focaliser sur une individualisation de la question" et programmer le parent. Chacun.e fait de son mieux à son époque avec les outils à sa disposition et sa propre éducation.
L'éducation parentale est une affaire collective, elle peut-être plus une question de société que de méthode.
Pas de modèle mais des pistes
"Grand bien vous fasse" aborde dans cet épisode sur la parentalité nombre de questions que les nouveaux parents (mais pas que) peuvent se poser :
La quête de perfection est-elle viable sur le long terme ? Pourquoi la vague d’éducation positive peut-elle culpabiliser les parents ? Peut-on rester tout le temps des pères et des mères bienveillants ? A-t-on raison de vouloir élever des enfants parfaits ? Bref, comment devenir parent ?
Ali Rebeihi s'est entouré de plusieurs experts pour aborder le mythe de la parentalité parfaite :
- Claude Martin, sociologue et auteur de Etre un bon parent, une injonction contemporaine édition Presses de l’EHESP et Accompagner les parents dans leur travail éducatif et de soins ed. La documentation française
- Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre et auteur de De l’art d’élever des enfants (im)parfaits édition Erès
- Isabelle Filliozat, psychothérapeute
- Gwénaëlle Boulet, rédactrice en chef d’Astrapi
Programmation musicale
- 10h20
La nuit je mens Alain BashungLa nuit je mensA Bashung, J Fauque
Album Fantaisie militaire (1998)Label BARCLAY - 10h40
Cannibales CALYPSO VALOISCannibales,
Album Cannibale (2017)Label PLAY IT AGAIN SAM
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