

Les films d’animation Disney participent à la pop philosophie : rendre la philosophie accessible et promouvoir les objet de la culture populaire..."Blanche-Neige", "Le Livre de la jungle" ou encore "La Reine des neiges" éclairent de nombreux concepts philosophiques.
Pour en parler, Ali Rebeihi reçoit :
- Marianne Chaillan, professeur de philosophie, auteur de Ils vécurent philosophes et firent beaucoup d’heureux
- Laurent Valière journaliste et producteur à France Musique, spécialiste du cinéma d'animation
Marianne Chaillan :
Ce n'est pas parce que cela divertit cela veut dire que c’est inconsistant...
"Les 101 dalmatiens" & Jérémie Bentham
Cruella initie à l'éthique animale : elle veut s’emparer de la portée des jeunes dalmatiens pour s’en faire un manteau. Est-ce immoral ?
- Oui, répond Kant : seul l’humain a une dignité morale ; l’animal au fond est comme une machine. Personne ne pleurerait si je prenais la vitre de ma montre pour en faire un verre de lunette... C'est la même chose pour la peau des dalmatiens.
- non, répond Bentham : l'animal est un doué de sensibilité et donc digne de respect sur le plan moral. Le bien être animal compte autant que celui de l'homme chez Bentham. 101 victimes pour 1 personne heureuse : c’est immoral.
"Le Livre de la Jungle" & Épicure
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Baloo porte la parole d'Épicure : il apprend en peu de mots la philosophie qu'on trouve dans la Lettre à Ménécée. La philosophie épicurienne n'est pas, comme on l'imagine souvent, celle de l'abondance et de la jouissance effrénée mais la recherche du bonheur (conçu comme l'absence de troubles).
Nous désirons mal. La plupart du temps, nous désirons ce qu'Épicure appelle des désirs vains : désirer la richesse ou la célébrité sont des désirs illimités, des désirs qui ne peuvent pas connaître de terme parce que l'objet sur lequel ils portent ne peut jamais combler le manque qu'il crée chez le sujet du désir. Épicure recommande de nous orienter vers des désirs naturels : "un peu d'eau fraîche et de verdure que nous procure la nature"...
"La Petite Sirène" & Flaubert
Avec ce conte, Disney pose des limites à sa philosophie générale qui invite à rêver et qui promeut l'imaginaire, la magie... (Peter Pan : " rêve ta vie en couleurs, c'est le secret du bonheur", etc.)
Ariel la petite sirène vit sous l'océan et elle tombe amoureuse de ce jeune prince, qu'elle n'a vu peut être qu'une minute et qu'elle ne connait donc pas du tout.
Sébastien, crabe musicologue philosophe à ses heures lui fait remarquer que "le roseau est toujours plus vert dans le marais d'à côté" - autrement dit : "apprends à te satisfaire de ta réalité"... Ce film dit : attention, que ce rêve ne se fasse pas au détriment du réel, il doit servir à enchanter notre quotidien, pas à le déprécier.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Marianne Chaillan rapproche le comportement de la sirène à celui d'Emma Bovary, pour qui le bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer.
"Aladdin" & Montaigne
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Ce film sorti en 1992 se rapproche de la philosophie de Montaigne : rien ne nous sépare du bonheur, que nous-même. Le bonheur se trouve en nous-même et non dans la possession de bien matériels essentiels.
Aladdin fait le vœu de devenir le Prince Ali parce qu'il est tombé amoureux de la princesse Jasmine et qu'il pense qu'elle ne peut pas l'aimer en retour s'il n'est qu'Aladdin... Et à la fin du film, on voit qu'il était déjà aimé d'elle : il n'avait pas besoin du génie. Quand au méchant Jafar, il finit enchaîné dans la lampe, métaphore de l'homme enchaîné par ses désirs.
"Le Roi Lion" & Marc-Aurèle
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour Marianne Chaillan, la philosophie d'Hakuna matata, la chanson culte du film, est proche des principes professés par Marc-Aurèle.
Quand Timon et Pumba rencontrent le jeune Simba, il est dans le désert, totalement désespéré par la mort de son père dont il se croit responsable. Timon lui enseigne ce mantra : ♫ "Quand l'univers te persécute, tu te dois de persécuter le monde, hakuna makata" ♪
Pour atteindre le bonheur, il faut se délester d'un certain nombre de troubles qui affectent notre âme :
- ce que les autres peuvent dire ou penser de moi
- poids du passé (qui est passé) ou de l'avenir (qui n'est pas encore).
Essayons de vivre ici et maintenant, dans une citadelle intérieure... comme Simba dans son oasis au milieu du désert.
"Blanche Neige" & Plotin
La reine mère se noie comme Narcisse dans l'adoration de sa propre image. Plotin nous invite à convertir notre regard, non pas dans l'adoration de l'image sensible mais dans l'image intelligible.
"La Reine des Neiges" & Lucrèce
Pour Lucrèce, épicurien, estime que le désir est une maladie. Ça ronge l'âme, nous dépossède de toute lucidité et nous aliène un objet extérieur dont nous méconnaissons radicalement la véritable essence. C'est la cristallisation.
Anna présente à sa sœur Elsa un jeune garçon qu'elle vient de rencontrer. Elle était enfermée depuis des années, elle tombe sur quelqu'un et elle pense en être amoureuse : elle cristallise. Mais Elsa maîtrise les cristaux et elle protège sa sœur...
"Raiponce" & Heidegger
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Ce film sorti en 2010 évoque le refus de la mort. Quelle est le vice de la méchante ? Un mauvais rapport au temps... Elle aurait dû lire Heidegger, pour qui la mort n’est pas un obstacle. Selon lui : à vouloir refuser la mort, nous y perdons l’authenticité de nos vies.
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Autre
- Autre