

Pourquoi, comment arrêter de fumer ?
Pourquoi fumer ? Vaste question. C’est un plaisir, une nécessité, et les injonctions sanitaires ont souvent peu de prise sur les addicts à la cigarette. Comment arrêter dans ce cas ?
Quelques pistes ce matin avec un jeune agrégé de philosophie Nathan Devers qui nous présente une « autobiographie du fumeur », il nous raconte sa relation avec la clope pendant une dizaine d’années. La première à l’âge de 12 ans, le plaisir et la dépendance, les tentatives d’arrêt et de sevrage et puis l’invention très personnelle d’une méthode pour écraser sa toute dernière cigarette. Pour lui, le fumeur est une personne systématiquement oppressée par les autres (soumis aux injonctions d'arrêt...).
On devient vraiment fumeur au moment où la chose est nommée (...) La cigarette est venue constituer une récompense des moindres petites actions, comme si le quotidien était constitué de petits exploits.
Sa méthode personnelle ne marchera certainement pas sur tout le monde, tant il est difficile d’arrêter après la longue période anxiogène que nous sommes encore en train de traverser.
Pourquoi est-il si difficile d'arrêter de fumer ?
Pour Nathan Devers, pour les "fumeurs invétérés la cigarette est une affaire d'éducation. Elle aide à se construire. Elle est par ailleurs très liée au travail, l'inverse de l'alcool et des drogues dures. C'est la petite drogue du travailleur. C'est celle qui permet de se concentrer, de se canaliser une force de travail.
De fait arrêter de fumer, c'est s'assassiner. Et c'est renaître totalement différemment. Et c'est ça qui demande un effort et qui est d'une difficulté absolue.
La cigarette organise le temps du fumeur aussi. La cigarette crée un rapport au temps totalement différent des drogues dures par exemple. "Elle permet d'accompagner le quotidien, de le styliser" nous dit Nathan Devers.
La drogue permet de s'évader, la cigarette c'est la pause, et après on revient.
C'est pourquoi l'une des principales difficultés lorsque l'on arrête est de reconstruire son quotidien.
Il faut se réinventer, cesser d'être l'homme qu'on est et devenir l'homme qu'on n'était pas.
Les effets de la prévention ?
Pour les deux invités, Nathan Devers et Amine Benyamina, il y a trop de préventions sur tout. De fait, cela aurait plutôt tendance à produire l'effet inverse que celui souhaité.
Quand on lit les pages santé d'un magasine, on peut avoir l'impression que n'importe quel comportement humain conduit à un danger physique.
La bonne prévention, c'est une prévention globale. L'addictologue Amine Benyamina raconte que lorsqu'il commence à travailler avec un patient sur l'arrêt de la cigarette, il commence d'abord par lui demander de compter le plaisir qu'il a avec le tabac.
Comment ne pas craquer pendant son sevrage tabagique ? Faut-il remplacer la cigarette par la vapoteuse et autres substituts nicotiniques ? Un addictologue répond à toute vos questions.
Nathan Devers, philosophe, Espace fumeur ed.grasset
Amine Benyamina, spécialiste en addictologie et chef du service de psychiatrie et d'addictologie de l'Hôpital Paul-Brousse, président de la Fédération française d'addictologie.
Baptiste Beaulieu
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