Le film de Costa-Gavras “Adults in the room” raconte la crise grecque vue par le ministre des finances de l’époque Yanis Varoufakis. Il est sorti le 6 novembre. Le public est au rendez-vous, la salle était comble. Surtout, après la projection, tout le monde avait la même question : où en est la Grèce aujourd’hui ?
Ce film raconte un épisode de la crise grecque. En janvier 2015, après l’arrivée au pouvoir du parti de gauche, Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras, et son ministre des finances Yanis Varoufakis, un brillant universitaire, se battent pour que les Européens leur permettent de sortir de l’austérité.
Agacé par la tournure des échanges dans la salle de l’Eurogroupe, l’instance qui regroupe les ministres des finances de la zone euro, Varoufakis se met à les enregistrer. Il en fera un livre et Costa-Gavras un film. Pendant ces négociations, la Grèce a d’ailleurs failli sortir de l’euro.
Le film a un parti pris très subjectif, celui du grec assiégé
C'est du cinéma, avec des raccourcis forcément. Mais pour le spectateur, c’est très efficace : on entre dans les lieux de pouvoir jamais filmés, on comprend les discussions même techniques. On se régale des personnages. On revit ce psychodrame qui n’a au fond n’a servi à rien.
En Grèce d’ailleurs, le film a été fraîchement accueilli : Varoufakis n’est pas populaire. Il reste le ministre qui a créé le chaos, fermé les banques, sans rien obtenir…
Aujourd'hui, le pays va mieux
Alexis Tsipras a fini par accepter de redresser les comptes aux forceps. Il a encore dû couper dans les retraites mais il a réussi à créer des filets de sécurité sociaux. Et à l’été 2018, Athènes est sortie des plans de soutien européens.
Les exportations repartent. Le tourisme est en plein boom. Cette année, le pays affiche 2% de croissance, une belle performance pour la zone euro. Restent deux ombres au tableau: le chômage au-dessus de 16% et des banques encore fragiles. Au passage, Tsipras a perdu les élections et la droite est revenue au pouvoir.
Surtout pour que l’économie grecque se redresse vraiment, il faudrait plus d’investissements. Or qui est à Athènes depuis lundi pour en parler avec le nouveau premier ministre ? Pas l’Union européenne mais Xi Jinping, le président chinois, qui pousse ses pions, du port aux banques, en passant l’immobilier ou l’énergie.
Dans le film, il y a deux personnages plus lucides que les autres, Christine Lagarde et Emmanuel Macron, qui savent que l’Europe doit changer, avoir une stratégie pour investir davantage au lieu d’être obsédée par les déficits. Mais ils se heurtent, encore aujourd’hui, au même front que Varoufakis.
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