Cargill Haubourdin, une délocalisation rampante ?

Usine de Cargill a Haubourdin dans le nord, ou sont produits des amidons.
Usine de Cargill a Haubourdin dans le nord, ou sont produits des amidons.  ©AFP - QUENTIN SAISON / HANS LUCAS
Usine de Cargill a Haubourdin dans le nord, ou sont produits des amidons. ©AFP - QUENTIN SAISON / HANS LUCAS
Usine de Cargill a Haubourdin dans le nord, ou sont produits des amidons. ©AFP - QUENTIN SAISON / HANS LUCAS
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Hier le tribunal de Lille a renvoyé à la fin du mois l’audience au cours de laquelle les salariés de l’usine d’amidon d’Haubourdin, dans le Nord, pourront contester leur plan de licenciement. Pourquoi cette usine, qui a tourné à fond pendant le confinement, est-elle menacée de fermeture ? Délocalisation rampante ?

C’est une histoire désespérante que Jean-Luc Mélenchon, le sénateur communiste Eric Bocquet, et, avant eux, Xavier Bertrand, ont tenté de dénoncer. Cette histoire, nous l’avons racontée sur le site de L’Obs en juillet, sous la plume d’Antoine Pollez.  

Que se passe-t-il à Haubourdin ? Dans cette ville proche de Lille, le groupe Cargill possède une usine, qui existe depuis 164 ans. Elle a deux activités. Elle produit de l’amidon à partir du maïs, puis elle le transforme pour en faire des produits dérivés utilisés dans les produits alimentaires ou pharmaceutiques. 

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Tout allait bien jusqu’en novembre dernier. Là Cargill a annoncé que la moitié du site allait être fermée: on ne produirait plus l’amidon sur place, on le ferait plutôt venir d’autres usines, hors de France. Pour les connaisseurs, c’était le début de la fin de Cargill Haubourdin. 

Ils n’ont pas pas pu demander de comptes à leur patron

Non. Le patron du site, 18 ans d’ancienneté, a disparu du jour au lendemain: il a été promu avec une mission surprise au siège. Il a été remplacé par un mercenaire, un “manager de transition”, nommé pour licencier 180 personnes. 

A la mi-mars, lorsque le confinement est décrété et les frontières temporairement fermées, le changement de ton est immédiat. Le manager de transition demander aux salariés de revenir travailler et leur écrit pour leur expliquer qu’ils sont “indispensables au fonctionnement du pays”.  

L’usine tourne alors à plein et les équipes reçoivent une prime de 800 euros avec un mot très chaleureux de la direction. Ils entendent aussi le Président de la République, les ministres, parler de relocalisation et de souveraineté sur les composants pharmaceutiques et l’alimentaire. Leur usine vient de montrer qu’elle était un élément clé. Ils se disent qu’ils sont sauvés.

En réalité pas du tout....

Non vraiment pas. Début juin, les licenciements sont confirmés. Mi-août, les services de l’Etat donnent leur accord au plan social. Motif: le manque de rentabilité de l’usine.

Car Cargill en veut toujours plus. L’an dernier, le numéro un mondial du négoce de matières premières agricoles a dégagé un bénéfice de 2 milliards et demi d’euros. Et a versé un dividende record à la famille actionnaire du groupe. 125 personnes se sont partagé 1 milliard d’euros. Sur son site Cargill explique qu’il n’a qu’une ambition, sa raison d’être: “nourrir le monde et à l’aider à prospérer”. Gare à l’indigestion !