

C’est une information de l’agence Bloomberg : si Sanofi parvient à mettre au point un vaccin contre le Covid, les Américains seront les premiers à en bénéficier. Pourquoi les Américains, alors que Sanofi est un laboratoire français?
Première question : les entreprises en général ont-elles une nationalité ? Et ce laboratoire est-il encore vraiment français ? Dans le cas de Sanofi, le siège est à Paris, et deux de ses trois plus gros actionnaires sont l’Oréal et la Caisse des dépôts. Mais son directeur général, Paul Hudson, est britannique et son plus gros marché c’est le marché américain : 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires contre 9 milliards en Europe. Son deuxième actionnaire est aussi américain : c’est le fameux BlackRock.
Cela dit, Sanofi, ancienne division d’Elf Aquitaine, marié à Synthélabo, puis Rhône-Poulenc-Hoechst, a une histoire bien française. Et surtout, c’est l’un des plus gros bénéficiaires du crédit d'impôt recherche.
Alors pourquoi réserver la primeur du vaccin aux Américains ?
Ils pourraient avoir quelques jours, voire quelques semaines, d’avance sur la France et les Européens, a expliqué Paul Hudson.
Ils se trouvent que les Etats-Unis ont un organisme fédéral qui n'existe pas en Europe : on l’appelle la BARDA. Elle dépend du ministère de la santé. Son rôle : organiser les partenariats publics-privés pour accélérer la mise au point de traitement en cas de pandémie ou autre risque biologique. Elle s’occupe de la grippe chaque hiver. Elle peut financer massivement et rapidement la recherche, avec des procédures très allégées, et accélérer l’homologation des tests et des médicaments.
Via la BARDA, les Etats-Unis ont ont été les premiers à financer la recherche du vaccin anti Covid par Sanofi et par beaucoup d’autres labos en concurrence. En contrepartie, ils veulent que le vaccin soit produit le plus vite possible chez eux et disponible pour leurs citoyens.
La France ou l’Europe n’ont pas fait la même chose ?
C’est ce que dit le patron de Sanofi et c’est la raison pour laquelle il a jeté ce pavé dans la mare. Sanofi pense pouvoir tester le vaccin sur des humains dès la fin de l’année. Le groupe commence donc à préparer sa production en masse (acheter des seringues, des composants…), mais si la pandémie s’arrête toute seule, comme le H1N1, il perdrait tout son investissement. Il veut donc partager le risque financier avec les Etats.
Avec les Américains, tout serait prêt. Avec les Européens, Sanofi ne sait pas s’il doit traiter avec chaque Etat, avec des groupes d’Etats ou avec la Commission. Il préférerait avoir un accord global pour avoir une grosse pré-commande et supporter le moins de risque possible. Mais ça tarde. D’où sans doute cette menace voilée…
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